L’Europe vue par les Européens

par Malik Henni |  publié le 03/05/2024

Les élections européennes sont vues à travers un prisme politique très national

D.R

Le Soir, journalbelge francophone, dresse le bilan des 20 années d’adhésion de 10 pays d’Europe centrale et orientale le 1er mai 2004. Bilan positif pour les 75 millions de nouveaux citoyens et que Charles Michel, le Belge président du Conseil Européen appelle à reproduire : les pays candidats doivent être prêts d’ici 2030 à rejoindre l’Union. Mais avant, les élections du 9 juin donneront un nouveau visage au continent. Celui-ci sera-t-il avant tout dessiné par le maître du Kremlin ?

L’allemand Die Zeit soulève un point qui n’est que peu traité en France : la lutte contre les fakes-news. Alors que la désinformation est devenue un enjeu de taille dans les démocraties, la Commission européenne « accuse Facebook et Instagram de ne pas respecter le droit européen ». Une procédure contre la maison-mère Meta a été lancée, coupable selon Ursula Von der Leyen de ne pas en faire assez pour supprimer les contenus illicites.

L’italien La Repubblica relève l’inquiétude de l’UE pour qui cette désinformation pourrait venir du froid. Le Parlement européen a en effet voté une résolution appelant les États-Membres à agir « urgemment » contre ce fléau, principalement alimenté par les fermes à troll russes. Le quotidien italien note que la Lega de Matteo Salvini et le Mouvement 5 Étoiles se sont abstenus.

La presse publique lettone LSM se rend dans la commune qui a eu le plus fort taux d’abstention il y a 5 ans pour rencontrer ceux qui ne s’intéressent pas à cette élection. À Latgale, la désillusion l’emporte : « Rien ne changera ! », « Il est déjà difficile de comprendre à quoi le Parlement européen s’attaque ». Paradoxalement, le bilan des 20 années d’appartenance à l’Union ne souffrent d’aucune tâche : « En 20 ans, les salaires minimum et moyen dans notre pays ont augmenté plusieurs fois. Nous avons plusieurs domaines dans lesquels nous nous sommes développés.» Et que veulent les citoyens : « la sécurité au sens large » (protection sociale, lutte contre l’exclusion).

Il faut se rendre en Finlande et lire le journal de référence Aamulehtipour trouver une analyse de fond de ces élections. Avec gravité, le journaliste affirme : « Les électeurs décideront en pratique combien de temps durera la guerre d’agression russe en Ukraine et à quelle vitesse la transition verte en Europe aura lieu. » Et le journal de mettre en ligne de mire le Hongrois Victor Orban, accusé d’être « pro-russe » et de soutenir l’influence de Moscou en Europe.

En Hongrie, le Magyar Nemzet s’intéresse à la Présidente de la Commission et ne mâche pas ses mots : « l’équipe de campagne d’Ursula Von der Leyen, qui enchaîne scandale sur scandale, essaie de la repeindre en une mère et une grand-mère plus humaine. ». Et de jubiler : Von der Leyen a admis être ouverte à une alliance avec des partis plus à droite pour se maintenir au pouvoir. De là à faire craquer son indispensable alliance avec les sociaux-démocrates ?

L’espagnol El Pais met exergue leur refus d’être dans la même coalition que les partis d’extrêmes-droite Vox ou Fraterli d’Italia.

Malik Henni