Lever de rideau sur l’acte II
Après la justification du Ministère de la fonction publique de la suppression de 4000 postes enseignants, la ministre de l’éducation nationale, Anne Genetet dévoile mardi l’acte II du choc des savoirs. Des travaux d’Hercule, à la lumière des derniers résultats des évaluations nationales.
Discrète depuis sa nomination, la ministre de l’éducation nationale, préoccupée par les résultats des évaluations nationales de 6e, 4e et 2nde, s’apprête à de nouvelles annonces, considérant probablement que celles du ministre Attal allaient dans le bon sens.
Naturellement, il existe des points d’appui corrélés par le dédoublement des classes de REP + (éducation prioritaire renforcée), consécutif aux décisions du premier quinquennat Macron. Ainsi, à l’entrée en 6e, les résultats sont en hausse en français, tandis que la part des élèves des groupes de performance les plus faibles a reculé de 5 points entre 2017 et aujourd’hui. Tant mieux. Mais pour l’essentiel, la catastrophe est continue, soulignant le maillon faible qu’est le collège.
La génération des élèves de 4e est particulièrement scrutée avec un niveau indigent chez bon nombre de ces adolescents. Les plus optimistes avancent comme explication une génération Covid, confinée et sacrifiée. Probablement, cette dimension est à retenir, mais elle ne saurait à elle seule couvrir le spectre d’un tel désastre.
Repérés dès leur entrée en 6e comme une génération abîmée, les enfants de 2011 n’auraient pas bénéficié des groupes de soutien mis en place en décembre 2023 en mathématiques et français. Prudence dans ce domaine d’autant que la mise en place de ces groupes est devenue une variable cocasse d’un établissement à l’autre, faute d’adhésion et de possibilités pratiques.
En réalité, les faits sont toujours têtus : 43% des élèves de 6e ignorent que quatre centièmes équivaut à 0.04, tandis que plus d’un élève sur deux de 6e possède un niveau insuffisant sur les attendus de compréhension de l’écrit, en grammaire et orthographe. Cet échec institutionnel et collectif recoupe naturellement une fracture sociale et éducative familiale, sans parler de la dimension genrée du problème, particulièrement en sciences. L’école ne la réduit donc pas, mais l’accompagne.
En seconde, la différence entre le niveau des élèves de filière générale et technologique et ceux de lycée professionnel au lendemain de ces évaluations est de 50 points, avec 71% d’élèves avec un niveau faible parmi les élèves de LP et 64% en français. De la chair électorale pour Bardella et consorts et un avenir bien obstrué lorsque l’on songe à la réindustrialisation possible de l’ouest européen dans des secteurs à haute valeur ajoutée.
A l’autre bout de la chaîne, les élèves les plus performants sont passés de 16 à 18% en 7 ans. Autrement dit, l’école publique, de la maternelle à la fin du second cycle, est incapable de réduire les fractures scolaires et signe une nouvelle copie où la dominante est une baisse générale des connaissances dans un monde compétitif qui nécessite autre chose que la socialisation, compétence indispensable.
Sans présager de l’acte II annoncé ce mardi, l’école nécessite que la société soit à son chevet. Les choix gouvernementaux n’indiquent pas cette inclinaison : approche comptable à courte vue, refus de partager le fardeau avec l’école privée, dégradation continue de la condition enseignante aboutissant à des recrutements indignes, entre autres.
Sauvegarder la démocratie et résister aux trumpismes de tous les pays passe pourtant par là.