LFI : la fausse remontada

publié le 09/06/2024

La liste insoumise a réalisé un score légèrement supérieur à ce que prédisaient les sondages. Cela ne change rien au nouveau rapport de forces à gauche.

Les Insoumis ont gagné un point en fin de campagne pour terminer à 8-9 %. Alors que tout un chacun jugeait la campagne de LFI outrancière et marginalisée, les Insoumis échappent à une défaite cuisante et démontrent leurs talents de sprinters électoraux, redoutables dans la dernière ligne droite. L’hémorragie subie par les Verts en est sans doute l’une des causes, mais c’est surtout la campagne menée avec un infatigable activisme contre les bombardements de Gaza, qui explique cette légère remontée. Ces protestations ont rencontré l’émotion d’une partie de la jeunesse, ainsi que d’électeurs des quartiers populaires, qui sont aussi, pour une bonne partie des quartiers musulmans. Première manifestation, limitée, mais réelle, d’un « vote communautaire » ? Voilà qui n’est pas forcément rassurant pour l’unité de la République.

Les outrances de LFI, son refus de qualifier de « terroristes » les terroristes du Hamas, ses dénonciations unilatérales oublieuses de la barbarie initiale et du sort des orages, ont heurté la majorité des électeurs. Mais elles ont galvanisé les foules hostiles à l’opération sanglante menée par l’armée de Netanyahou, avec son cortège de massacres touchant la population civile, qui a eu pour effet politique de réveiller la gauche radicale dans de nombreuses démocraties.

Ces considérations ne changent pas le fond de l’affaire. Le rapport traditionnel entre gauche réformiste et gauche radicale (deux tiers-un tiers) est rétabli dans les urnes, pour ce scrutin en tout cas. Quant à la NUPES, ceux qui voudraient la ressusciter devront expliquer comment on peut se réunir de nouveau sur un programme aussi irréaliste, avec une formation aux vues anti-européennes, complaisante avec le Hamas et qui a été jusqu’à boycotter le discours prononcé par Volodymyr Zelensky à l’Assemblée nationale. D’autant que la résilience limitée, mais réelle, de Mélenchon ne risque pas de le dissuader de concourir de nouveau à l’élection présidentielle.

Une candidature unique de la gauche ? À moins de se ranger derrière Mélenchon, on ne voit pas comment elle pourrait voir le jour. Raison de plus pour réfléchir à la reconstitution d’une force de gauche crédible. Même s’il reste trois ans avant la prochaine grande échéance, le temps presse.

L.J.