Liban : l’infernale attente de la guerre
Les Libanais sont inquiets. Vers qui se tourner ? La France… ils n’y croient plus. Et craignent de se retrouver seul, happés à son tour par l’engrenage de la guerre à leur porte
Pourquoi cette inquiétude ?
Le Hezbollah libanais, parti politique, mais également milice soutenue par l’Iran, considéré comme un « État dans l’État », affiche son soutien au Hamas et se présente avec Téhéran comme le dernier défenseur de la cause palestinienne. Même s’il n’entend pas ouvrir un front contre Israël, des violences ont eu lieu à la frontière entre les deux pays avec déjà 52 morts côté libanais, dont un journaliste de Reuters, et 4 côté israélien.
Le Hezbollah est dans une position d’équilibriste. En revendiquant des tirs sur des positions israéliennes depuis le Liban, il fait planer la menace de l’ouverture d’un « deuxième front ». Les échanges de tirs avec les forces israéliennes sont la plus grave escalade à la frontière libano-israélienne depuis 2006, quand le Hezbollah et Israël se sont livré une vraie guerre.
La crainte porte sur l’offensive terrestre israélienne contre Gaza. Et son intensité. Si elle est massive, le Hezbollah sera contraint d’ouvrir ce deuxième front pour être en cohérence avec son soutien affiché au Hamas. À condition que l’Iran lui donne son feu vert ce, qui n’est pas le cas pour le moment.
Le risque, dans cette hypothèse, est que la riposte israélienne soit de massive et touche l’ensemble du territoire. Cette inquiétude est très forte au pays du Cèdre qui voit s’accumuler toutes les tragédies. De nombreux Libanais se sont soit déjà déplacés plus au nord, soit ont déjà quitté le pays pour prévenir le risque d’une fermeture de l’aéroport de Beyrouth.
Ce qui ne semble faire aucun doute pour les Libanais est que si le Hezbollah entre directement dans la confrontation, la guerre deviendra régionale. D’où les mises en garde des Américains et des Français contre le parti de Dieu – fort de 20 à 30 000 combattants – pour éviter l’escalade.
L’Iran prendra-t-il ce risque alors que deux porte-avions américains croisent en Méditerranée, un espace maritime que Téhéran n’a pas les moyens ni militaires ni politiques de contrôler ?
Les Libanais, eux, ne savent plus vers qui se tourner pour ne pas être pris dans cet engrenage. La France ? C’est fini. Beaucoup d’entre eux, chrétiens ou musulmans, ne lui font plus confiance en raison du glissement des prises de position jugées pro-israéliennes, une dérive largement commencée sous la présidence Sarkozy, poursuivie par Hollande et amplifiée par Macron.