Livre de l’été : »La position de la cuillère »
La trilogie autobiographique de Deborah Levy a reçu le prix Femina étranger en 2020. Son dernier livre La Position de la cuillère est une célébration de l’impertinence et de la liberté
Née en 1959 à Johannesburg, en Afrique du Sud, originaire de juifs lituaniens et de colons anglais, elle arrive à Londres en 1968 après que son père a connu la prison pour son activité militante au sein de Congrès National Africain.
Dramaturge, poétesse et romancière, elle a une bibliographie en anglais très considérable. Dans ses écrits personnels, elle évoque son enfance, la violence, l’engagement, sa mère, le divorce, ses filles, Londres, les amitiés, les collines à vélo, ses voyages, mille et un détails de la vie quotidienne.
Deborah Levy, largement méconnue en France. a fait irruption en 2020 et 2021 avec une merveilleuse trilogie entre mélodie romanesque et autobiographie discrète et a reçu aussitôt le prix Fémina étranger. Le Coût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et État des lieux, traduits de l’anglais par Céline Leroy et publiés par les Éditions du sous-sol ont été une manière idéale de faire d’un coup connaissance avec une écrivaine formidable qui a le don de nous parler d’elle comme si elle nous parlait de nous.
Un roman, Sous l’eau, a ensuite été publié en français. À bien des égards, elle évoque la personnalité et l’œuvre du prix Nobel de littérature, Doris Lessing, auteure notamment du Carnet d’Or.
La Position de la cuillère a paru ce printemps. Comment exprimer tant la profondeur que la légèreté de ce recueil de textes très courts sans risquer de trahir l’esprit de leur auteure en faisant apparaître comme un traité de vie ce qu’elle préfèrerait très certainement que l’on présente de façon plus anodine ?
Le livre s’ouvre sur une lettre à sa mère, alors hospitalisée et morte un mois plus tard. « Je n’ai aucune position morale sur le bonheur », écrit Déborah Levy et d’ajouter : « Chacun doit trouver sa raison de vivre … ».
Entre érudition modeste et humour tendre, elle évoque mille sujets de manière toujours très factuelle et incarnée.
Qu’elle nous parle de la Baie des Anges à Nice, sa baignade préférée ou de son voisin Mr John qui lui en a appris long sur la position de la cuillère sur l’assiette lorsqu’on sert des œufs à table, de sa grand-mère maternelle Myriam Lea ou de Simone de Beauvoir, Deborah Levy a le pouvoir, rare, de nous émouvoir et de nous faire sourire dans le même souffle. Ses mots volent tels « des pétales jetés dans le vent ».
La position de la cuillère. Et autres bonheurs impertinents.
Traduit de l’anglais par Nathalie Azoulay. Éditions du sous-sol