L’offense faite aux femmes
La grande cause du quinquennat semble bien enterrée : relégué à l’avant-dernier rang dans l’ordre protocolaire, un secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes est placée sous la tutelle du premier homme officiellement en charge du sujet.
Un demi-siècle après la création du secrétariat d’Etat à la Condition féminine par Valéry Giscard d’Estaing, voici le sort des femmes revenu quasiment à la case départ dans l’ordre gouvernemental. A la suite de Françoise Giroud, première occupante du portefeuille, chaque gouvernement, de gauche comme de droite, a confié la responsabilité des droits des femmes à une ministre. Il y aura désormais un ministre, M. Paul Christophe, en charge des solidarités, de l’autonomie et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Sous son autorité, madame Salima Saa sera une simple secrétaire d’Etat, alors qu’auprès du même ministre, madame Agnès Canayer aura rang de ministre déléguée pour s’occuper de « la » famille (notons le singulier) et de la petite enfance. Bref, voici le « dossier » femmes sous et mal traité avec les personnes relevant de la solidarité. Cela en dit long sur l’importance réelle que lui accorde ce gouvernement.
Quant à la parité, elle n’est qu’apparente. Aucun des ministères régaliens n’est confié à une femme, les sujets du « care » leur étant classiquement dévolues, comme l’Éducation ou la Santé. L’Intérieur, les Finances, le Budget, les Affaires étrangères, le Justice sont, comme il se doit chez les conservateurs, confiés à des gens sérieux, c’est-à-dire des hommes. Au-delà, des portefeuilles, il y a le credo, c’est le cas de le dire, des impétrants : nombreux sont ceux qui ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG, mesure phare du second quinquennat Macron. Madame Laurence Garnier, notamment pointée du doigt pour son hostilité à cette avancée, a été « déplacée » de la Famille vers la Consommation, mais elle est toujours là, comme beaucoup de ses collègues à qui on ne pense même pas à reprocher leurs opinions sur les questions de mœurs.
A l’heure où un procès historique montre à quel point le patriarcat est vivace, on n’a pas entendu les illustres inconnus du gouvernement Barnier exprimer leur solidarité avec la victime des violeurs de Mazan. Pas plus qu’on a remarqué leur intérêt pour une cause qui concerne la moitié des « gens d’en bas ». Et pourtant, lorsqu’on évoque la sécurité et la justice, les femmes sont les premières touchées : violences et pauvreté sont hélas leur lot quotidien. Elles méritent un peu plus de considération. Il ne s’agit pas seulement de portefeuille mais des moyens qui vont avec. L’égalité a un prix. A-t-on négligé le sort des femmes parce qu’elles pourraient peser financièrement par temps d’austérité budgétaire ? Attention au « coût » du mépris …