Macron dissous

publié le 30/06/2024

Avant de devenir le zombie de l’Élysée, le président doit au moins faire en sorte que les forces républicaines l’emportent sur le RN.

Le président français Emmanuel Macron au Quai d'Orsay, à Paris, le 20 juin 2024 - Photo Dylan Martinez / POOL / AFP

Emmanuel Macron a tendu un piège à ses adversaires : il est tombé dedans. Il a lancé « une grenade dégoupillée » sur la scène politique (ce sont ses termes). Elle lui a explosé à la figure. L’histoire électorale du macronisme ? D’abord la majorité absolue, puis la majorité relative, puis la minorité relative et aujourd’hui, la minorité absolue. Reléguée en troisième position dans la plupart des cas, avec 22 % au niveau national, la macronie passe du statut de groupe central à celui de supplétif d’une autre majorité, à construire.

Bien pire : il devait être le rempart contre le Rassemblement national, il en est devenu le marchepied. Il devait bloquer son ascension, il lui a fait la courte échelle. Sa politique a coïncidé avec un triplement ou presque du score du RN de 2017 à 2024. Sa dissolution précipitée a pris par surprise son propre camp, qui tient ce coup de poker pour un coup de Jarnac dirigé contre elle-même ; force compacte dirigée d’une main de fer, le RN a surmonté sans difficulté l’épreuve des législatives et c’est leur initiateur qui a mis le genou à terre.

Avant de s’effacer – resterait-il à l’Élysée – Emmanuel a un devoir moral : rendre la pareille à tous ceux qui ont voté pour lui sans partager ses idées pour faire barrage au RN. Ce barrage, aujourd’hui ; c’est le désistement symétrique de celui de la gauche, qui retirera ses candidats quand le RN sera menaçante et qui appelle à voter pour tout candidat qui reste républicain, quel que soit son parti. Au lieu de cela, les macronistes envisagent une casuistique où ils choisiraient avec mille précautions ceux des non-RN pour lesquels ils appelleront à voter. Alors que la gauche n’a pratiquement aucune chance d’être majoritaire et que le RN est aux portes du pouvoir.

Hypocrisie centriste qui consiste à mettre sur le même plan des coalitions qui ne sont pas dans la même situation. Mais sans doute est-ce conforme au cynisme de cette ancienne majorité qui régnait grâce à des alliances floues, des politiques mi-chèvre, mi-chou, des votes purement négatifs et se trouve fort démunie quand il s’agit de prendre des positions fondées sur des principes.