Macron doit céder !
Barnier ayant échoué, il ne reste qu’une solution : un gouvernement de centre-gauche. C’est cette réalité dont Macron cherche à s’évader. En vain.
On connaît le vrai nom du prochain Premier ministre : il s’appelle Godot, celui qu’on attend et qui n’arrive jamais. À moins que ce soit une femme. Dans ce cas c’est l’Arlésienne, celle dont tout le monde parle mais qu’on ne voit pas. Et tant qu’à user de références de fiction, on évoquera aussi l’âne de Buridan, qui hésite indéfiniment entre un seau d’eau et un sac d’avoine, jusqu’à mourir de d’inanition.
Sauf que le paradoxe de Buridan, traité par Aristote, puis par Spinoza, se résout facilement : la soif est plus pressante que la faim ; un âne raisonnable commencera donc par boire avant de manger. Tout simple. Emmanuel Macron, qui pourtant n’est pas un âne, refuse néanmoins de faire ce choix rationnel. Pour une raison transparente : il veut une solution de compromis mais ne consent à aucune concession.
La logique élémentaire devrait pourtant le conduire à constater que la solution de droite qu’il avait concoctée en nommant Michel Barnier a échoué, et donc qu’il ne reste plus qu’à tenter une solution de gauche ou de centre-gauche. Seulement voilà : il faut pour cela donner des gages aux socialistes, qui détiennent la clé de la combinaison.
En effet, s’il ne voit pas certaines de ses revendications satisfaites, sur le budget ou sur les retraites, pourquoi le PS prendrait-il le risque de soutenir, même implicitement, un nouveau Premier ministre ? Il prêterait le flanc aux critiques du reste de la gauche, qui lui reprocherait, très logiquement, d’avoir vendu son droit d’aînesse pour un plat de lentilles.
On n’a rien sans rien : s’il veut mettre en place un gouvernement à peu près assuré de durer, Emmanuel Macron doit abandonner une partie de ses exigences, et les macronistes trouver un modus vivendi avec les socialistes en acceptant une partie de leurs demandes. Rappelons que par la force des choses – et par la volonté des électeurs – nous sommes en régime parlementaire : ce n’est plus le président qui décide, ce sont les députés. À eux de négocier avec le futur Premier ministre un accord qui permette à la France d’être gouvernée. Et s’ils ne le font pas, ils risquent de provoquer une élection présidentielle anticipée qui profitera en priorité aux extrêmes. Sauf à prendre le rôle de l’âne, Emmanuel Macron doit donc boire son seau d’eau. Même s’il a la forme d’un calice.