« Macron fiasko »
Pour la presse étrangère, la victoire du RN est avant tout l’échec personnel d’Emmanuel Macron
Pour l’américain Foreign Affairs, EmmanuelMacron s’est mis dans une position difficile. En adoptant l’idée de préférence nationale dans la loi immigration tout en échouant à faire baisser le score du RN, le Président n’a convaincu personne. De plus, le journal note que les Insoumis et Mélenchon ont certes eu « des actions périodiquement perturbatrices [qui] ont violé les normes parlementaires, mais pas les principes républicains », réfutant ainsi le signe égal entre ce parti et l’extrême-droite.
Mis à part le conservateur die Welt qui salue la décision d’un Président qui prend en compte la réelle situation de son pays – en contrepoint d’un Olaf Scholz qui refuse le retour aux urnes – la presse outre-Rhin tombe des nues.
Tageschau, le plus ancien journal télévisé allemand,se demande : « Macron, le pyromane ? », tandis que pour le journal Süddeutsche Zeittung s’interroge, « Macron perd ses nerfs » à propos d’une élection à laquelle « trop de gens accordent (…) une importance nationale démesurée ».
Dans le Berliner Morgenpost, le « sombre bilan » du gouvernement Macron explique sa « claque électorale » : la réforme des retraites et les gilets jaunes sont encore dans tous les esprits.
Le Rheinische Post, habituellement tempéré, se laisse aller : « Au lieu de réfléchir calmement à la suite des événements, l’impulsif Macron déclenche un séisme politique – avec des conséquences pour toute l’Europe. »
Même le social-libéral Die Frankfurter Rundschau pointe l’impopularité du chef de l’État : « En Europe, Emmanuel Macron est considéré comme un homme d’État sûr de lui, cultivé et souverain. Dans son propre pays, cela ne se voit pas beaucoup. Au contraire : pour de nombreux Français, il n’est plus considéré que comme un fardeau. » Et de conclure que les députés de son groupe ne mettront pas son visage sur leurs affiches de campagne.
Le titre du journal suédois d’affaires Näringsliv se passe de traduction : « Macron fiasko ».
Dans les pages du journal russe sous contrôle gouvernemental Gazeta, on peut y lire un commentaire étonnamment mesuré : il s’agit avant tout de « la décision d’un président offensé ». Le titre admet que E. Macron « est devenu le visage de la ligne dure de l’engagement occidental dans la crise. Le président français a parlé de l’envoi de troupes et d’instructeurs étrangers, a appelé à la levée de l’interdiction d’utiliser des armes pour frapper la Russie et, de manière générale, n’a exigé aucun compromis avec Moscou, soutenant la poursuite des hostilités. » Les résultats des élections pourraient « inciter les hommes politiques de son niveau en Europe à devenir plus prudents » sur le dossier ukrainien.
Enfin, en Hongrie, le Magyar Nemzet exulte de la probable victoire du parti allié de Viktor Orban et de la défaite de celui qui incarne « l’Europe fédérale » : « L’Europe d’aujourd’hui est imposée aux peuples, et c’est sans doute la plus grande escroquerie que notre continent ait connue depuis des siècles. Les élites décident et gouvernent contre les peuples. »