Macron : ilcourt, il court, le furet…

par Laurent Joffrin |  publié le 25/04/2023

Le président se dépense en interventions innombrables. Mais s’il s’exprime autant, c’est qu’il ne peut pas faire grand-chose

Photo: Philippe Matsas

Il court, le Macron. Ou, plus exactement, il parle, il parle. Il parle à la télévision, il parle à ses ministres, il parle aux foules attirées par ses déambulations, il parle aux lecteurs du Parisien, il a parlé par ici, il parlera par là… Pompier de son propre incendie, il a décidé de noyer les flammes de la contestation sous un déluge de mots. C’est la version orale du « quoi qu’il en coûte » : jamais il ne sera avare de discours, de palabres et de bonnes paroles, puisés dans la corne d’abondance de sa rhétorique émaillée de phrases stéréotypées autant que de formules provocantes.

Cette volubilité vaut certes mieux qu’un silence hautain. Elle ne peut cacher la paralysie qui frappe Emmanuel Macron après une petite année de second mandat. L’opinion ? Elle s’est dérobée et le président touche le plus bas de sa cote de popularité.

Souvent, quand un pouvoir est en difficulté face à une protestation bruyante, il en appelle à une « majorité silencieuse ». Impossible aujourd’hui : la macronie n’est plus qu’une minorité muette.

Le Parlement ? On n’y trouve aucune majorité et avec un gouvernement si impopulaire, on peine à imaginer que telle ou telle opposition vienne à son secours pour faire passer un projet de loi.

Le remaniement ? Seuls quelques ministres ont fait leur chemin auprès des Français, Darmanin, Le Maire ou Attal. Si on les garde, les autres disparaîtront sans être jamais sortis de l’obscurité. Entre l’ancienne équipe et la nouvelle, personne ne verra la différence.

Changer la Première ministre ? Là aussi, il faudrait un nom connu. La nomination d’un Sarkozy ou d’un Bayrou, chevaux de retour par la droite par le centre, frapperait les esprits. Mais le président n’aime pas chefs de gouvernement trop visibles. On parle de Julien Denormandie, ancien ministre de l’Agriculture, pour l’instant perdu dans la nature. Quel choc !

On songe enfin à un référendum, ou à de nouvelles élections déclenchées par une dissolution : la macronie a toutes les chances de les perdre. Au vrai, le président se retrouve à un carrefour qui ne donne que sur des impasses. Dans une France en crise, il est à l’arrêt. D’où son incessante agitation verbale.

Pendant ce temps, la droite se débat dans le puits de ses divisions et la gauche campe sur la montagne de ses outrances. Reste la grande bénéficiaire de toute l’affaire, aussi économe en paroles que Macron est prodigue.

Tel le chat Raminagrobis, muette et ronronnante, Marine Le Pen, dont on connait la proximité avec les matous, attend que la souris passe à portée de griffes.

Laurent Joffrin