Macron : le chant du cygne
La cathédrale brillait de mille feux mais, « en même temps », la France subissait un camouflet dans l’affaire du Mercosur : l’apparat ne masque plus l’effondrement du pouvoir d’Emmanuel Macron. Et pourtant, il ne veut rien lâcher…
Le vent et la pluie ont un peu gâché la fête : cela ne l’a pas empêché de profiter du moment. Carpe diem… Après des Jeux Olympiques réussis, il était aux anges en inaugurant Notre-Dame de Paris rénovée, dont la splendeur rassemble les chrétiens de la planète, et bien au-delà. Tout comme les JO devaient faire oublier aux Français le cataclysme de la dissolution, la renaissance de la cathédrale effacera, espère-t-il, les affres de la censure du gouvernement Barnier. Et qu’importe si la veille, Ursula Von Der Leyen a obtenu des pays d’Amérique du Sud la signature de l’accord du Mercosur – qu’il combattait – et annulé dans la foulée sa présence à Paris !
Après la crise, la fête : ainsi va Emmanuel Macron. Sous l’influence de son indéboulonnable « conseiller mémoire » Bruno Roger-Petit, il s’est convaincu que Jupiter pouvait à bon compte s’attribuer les lauriers de la nation. Dans la même logique, il ne cesse de faire entrer les grands hommes et femmes au Panthéon : Maurice Genevoix et Simone Veil, puis Joséphine Baker et Missak Manouchian, et bientôt Robert Badinter et Marc Bloch. Plus fort que François Mitterrand et Jacques Chirac, qui ont panthéonisé moins de célébrités que lui en deux mandats consécutifs !
Est-il toujours président de la République ? Au sens de la Vème République, on en doute. Ébranlé par les répliques de la dissolution, il est contraint d’affirmer qu’il terminera son mandat, admettant, donc, que la question se pose. Il devait nommer rapidement un Premier ministre pour éviter une crise de régime : il en est empêché, puisque son préféré, Sébastien Lecornu, a suscité une levée de boucliers au sein de son propre camp. Après son intervention, hormis Rachida Dati qui monnaye son maroquin, personne ne s’est précipité sur les plateaux pour le soutenir.
Du coup, il reçoit les uns et les autres, de la gauche à la droite, ravi de donner l’illusion qu’il reste au centre du jeu. La comédie se répète, comme l’été dernier : les rumeurs courent, les supputations circulent, les uns et les autres donnent leur avis, la foire aux faveurs bat son plein. On apprend que Michel Barnier lui aurait conseillé de conserver Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur et de se méfier des socialistes, sur qui on ne peut pas compter….
Emmanuel Macron changera-t-il jamais ? Au lieu de tirer les leçons de son échec avec Michel Barnier, il est tenté de rembobiner le film en nommant un Premier ministre de droite qui allierait le bloc central et les LR et qui resterait, donc, sous la férule du Rassemblement National. Une ineptie qui claquerait la porte au nez d’une gauche tentée par l’ouverture.
« Emmanuel Macron est de droite, il ne nommera jamais la gauche », affirme un proche qui le connaît bien. Tandis que Jean-Louis Bourlanges, le sage du Modem, rappelle la vérité des institutions : « Le pouvoir est passé au Premier ministre, c’est à lui de trouver une majorité à l’Assemblée Nationale ».
Narcisse obstiné, convaincu de sa supériorité, Emmanuel Macron n’écoute pas. Il persiste à se mettre en première ligne, à se fier à ses intuitions, à imposer ses convictions. Comme s’il se précipitait sans le vouloir vers cette démission que ses opposants sont de plus en plus nombreux à réclamer. Car en cas de nouvel échec, qui d’autre que lui en porterait la responsabilité ?