Macron, le grand illusionniste

par Valérie Lecasble |  publié le 23/07/2024

Faute d’avoir nommé un Premier ministre, le président veut embarquer les Français à ses côtés dans la parenthèse olympique. Et gagner du temps…

Le président français Emmanuel Macron au Quai d'Orsay, à Paris, le 20 juin 2024 - Photo Dylan Martinez / POOL / AFP

Le maître des horloges n’a pas eu besoin d’opérer de coup de force. Tout juste a-t-il laissé s’enliser les évocations de Premier ministre, afin de gagner le temps jusqu’à la fin de l’été pour faire avancer le rapprochement dont il rêve depuis 2022 : celui entre son camp et Les Républicains. S’il prendra la parole à la télévision ce mardi 23 juillet à 20h sur France 2 et franceinfo, le Président de la République ne désignera pas de locataire pour Matignon, ni ne tirera les enseignements de sa folle dissolution. Il devrait se focaliser sur la situation à Gaza, mais surtout sur l’ouverture des Jeux Olympiques, , vendredi 26.

Voici donc la France dans une situation surréaliste totalement inédite : elle va accueillir des sportifs venus du monde entier, sans gouvernement pour diriger le pays. Démissionnaire, celui de Gabriel Attal est cantonné à expédier les affaires courantes. Tandis que sans ordre du jour, les députés de l’Assemblée nationale se retrouvent au chômage technique.

Lassés par près de trois semaines de tergiversations au cours desquelles le Nouveau Front Populaire a été incapable de s’accorder sur le nom d’un Premier Ministre, les Français vont tourner avec soulagement la page de la politique pour entrer dans une période plus festive où désormais en congés, ils pourront s’extasier devant les exploits des participants aux Jeux. Leur attention sera focalisée sur le nombre de médailles remportées par leurs sportifs nationaux. Gageons qu’Emmanuel Macron va tout tenter pour récupérer à son profit la fête des Jeux Olympiques, qui démarre dès vendredi avec la fastueuse cérémonie d’ouverture.

La droite pousse ses pions

Pendant ce temps, la droite républicaine menée par Laurent Wauquiez à l’Assemblée nationale et par Bruno Retailleau au Sénat, qui revendique de rassembler « le groupe parlementaire le plus important du pays »  pousse ses pions avec un « Pacte législatif d’urgence », qui contient treize propositions, dont celle principale de revaloriser « la France qui travaille », mais aussi de « restaurer l’autorité », en allant vers « un système de tolérance zéro » et de « tourner la page du laxisme migratoire » en réintroduisant les mesures annulées par le Conseil Constitutionnel dans la loi sur l’immigration.

Un programme musclé, de droite assumée, qui fixe deux lignes rouges : l’augmentation des impôts et la non-revalorisation des pensions de retraite. Avec 47 députés seulement, le groupe dirigé par Laurent Wauquiez ne pèse guère à l’Assemblée, d’où doit être issu le futur Premier ministre. Mais avec la caution de la majorité du Sénat, son influence est réelle. On a déjà vu comment il a obtenu des postes stratégiques et remporté deux vice-présidences en échange de son soutien à l’élection de Yaël Braun-Pivet au perchoir.

Pendant ce temps, Jean-Luc Mélenchon poursuit sa stratégie du chaos, en exigeant la démission d’Emmanuel Macron, afin de provoquer une élection présidentielle anticipée dans laquelle il affrontera, assure-t-il « la fasciste » Marine Le Pen. Sans tête ni boussole, la France navigue à vue comme un bateau ivre au gré des foucades de son grand illusionniste, Emmanuel Macron. Avec la droite en embuscade.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique