Macron : micro-discours et macro-ratage

par Laurent Joffrin |  publié le 17/01/2024

On attendait un propos décisif qui lancerait la seconde étape du quinquennat. On a entendu un morne discours de politique générale tissé d’annonces mineures et de généralités lénifiantes.

Laurent Joffrin

Dans la longue série des erreurs de communication, voici un record battu avec la conférence de presse d’Emmanuel Macron. On peine à se souvenir, dans l’histoire politique récente, d’une si grandiose mise en scène pour un événement si ténu. Chaînes de télévision sommées de répercuter à l’heure du JT la grand-messe présidentielle, multiples confidences distillées pour faire monter la sauce, tournant décisif anticipé en roulant des yeux, événement national annoncé à son de trompe, salle des fêtes élyséenne bondée, parterre de journalistes fiévreux, estrade illuminée, grand tralala sous les ors. Et, au bout du compte, deux heures et demie d’explications laborieuses et d’annonces subalternes qui laissent le public sur sa faim et le pays déconcerté. Les trompettes d’Aïda se changent en petit air de flûte, Jupiter devient aède bavard et la montagne accouche d’un souriceau.

D’abord cet étrange exergue où la situation internationale est à peine citée, alors que les guerres ensanglantent des régions entières et que l’opinion craint un embrasement général. En lieu et place d’une vision planétaire, on écoute une longue liste de mesures partielles, limitées, parfois utiles parfois contestables, censées répondre aux préoccupations des Français, le tout enrobé d’un éloge de l’ordre et de la nécessaire unité.

Surveillance des écrans, tenue unique à l’école, six mois de « congé de naissance », une heure d’instruction civique supplémentaire, un peu de théâtre en plus, un pas vers le service civique universel, telles sont les mesures bouleversifiantes que des conseillers empressés n’osaient pas annoncer tant elles allaient renverser la table. On s’est moqué du jeune Premier ministre Gabriel Attal, portraituré en double du président avec dix ans de moins. C’est le contraire qui est vrai : Emmanuel Macron a chipé le rôle du Premier ministre en déroulant un morne discours de politique générale, qui n’a aucune chance de rendre espoir au pays ou de lui fixer un cap mobilisateur.

La macronie règne et ne gouverne pas. La France s’inquiète et les extrêmes se frottent les mains.

Laurent Joffrin