Macronie : blocage en vue !
En position de faiblesse à l’assemblée, Emmanuel Macron a besoin de nouveaux soutiens. Le groupe des Républicains pourrait faire pencher la balance, mais son intérêt… est ailleurs
En 2022, le président a tendu la main vers LIOT et les anti-NUPES. De refus en refus, il s’est tourné vers les Républicains, où ce qu’il en reste, avec ses 62 députés et moins de 5% à la dernière élection présidentielle.
Depuis qu’Éric Ciotti est à la tête du parti, il multiplie les initiatives: états généraux pour les idées, nouvelles figures, contre-gouvernement, création d’un média (« Une certaine idée »). À la rentrée, la droite veut confirmer sa domination sur le Sénat et lancer sa campagne des Européennes.
Le parti veut faire résonner ses idées et se différencier du macronisme pour continuer à exister au parlement européen.
Or, le risque de ne pas avoir de députés à Bruxelles est réel. Accepter la main tendue d’un président qu’on ne cesse d’attaquer , c’est jouer avec le feu.
LR doit aussi composer avec un Edouard Philippe qui se distingue du macronisme. Sur les retraites, l’éducation, l’immigration ou l’alliance qu’il prône entre libéraux et conservateurs, l’ex-Premier ministre prépare le terrain et envoie des signaux à tous les électeurs de Macron qui viennent, majoritairement, de la droite.
Si les Républicains, à contre-courant, entraient au gouvernement, on ne manquerait pas de leur reprocher d’aller secourir un président affaibli et Edouard Philippe en récolterait les fruits.
Entrer au gouvernement c’est aussi faire un cadeau à la droite nationaliste et « civilisationnelle » de Marine le Pen et Éric Zemmour. Leur obsession est de tuer définitivement LR par une surenchère de propositions droitières et des accusations de complicité. Il y a 10 ans, le Pen dénonçait le parti unique « UMPS » pour souligner que les deux partis historiques étaient similaires. En 2023, on qualifie les élus LR de politiques « solubles » dans le macronisme.
En rejoignant le camp présidentiel, ils se verraient relégués au rang de supplétifs, sans espoir d’un renouveau de la droite.
En France, c’est connu, pour gagner après un long règne, il faut une rupture : Sarkozy et Macron l’ont emporté de cette manière. Edouard Philippe, présent au gouvernement via plusieurs ministres, manoeuvrier et populaire, est déjà bien placé pour se démarquer. LR, en revanche, n’a pas de candidat. Laurent Wauquiez ou David Lisnard, maire de Cannes, refuseront l’alliance pour ne pas assumer un bilan. Eux veulent une droite qui propose la rupture.
Comme le confie un conseiller ministériel , « faire un accord avec LR ,alors que la course à la présidentielle sera lancée dans un an est une idée lancée en l’air pour voir comment ça retombe. Mais d’un point de vue idéologique et stratégique, personne n’y croit ».
Le président a beau tergiverser, il semble bien qu’il devra se contenter d’une majorité relative et d’un gouvernement sans solutions. Quitte à devoir renoncer, paralysé , à des lois et des projets importants. Encore quatre ans… le chemin — de croix ? — sera long.