Mais que fait Faure ?
Inconcevable faiblesse du patron du PS… En laissant le clan Mélenchon saboter les chances du Nouveau Front Populaire au second tour, il ouvre un boulevard au RN.
Les votes étant ce qu’ils sont, il n’est qu’une seule voie pour empêcher le RN d’arriver au pouvoir : élargir le plus possible l’union de la gauche pour en faire le cœur du rassemblement de tous les républicains. Chacun sait que la clé du second tour se trouve chez les électeurs centristes et ceux de la droite républicaine, qui doivent choisir dans de nombreuses circonscriptions entre les lepénistes et les candidats de gauche. C’est-à-dire surmonter leur aversion pour LFI et voter Nouveau Front Populaire.
Dès lors, tout ce qui peut les inquiéter, les rebuter, les effaroucher, mine la discipline républicaine et renforce les chances de l’extrême-droite. Attrape-t-on les mouches avec du vinaigre coupé d’acide ? Signe qui ne trompe pas : c’est à Mélenchon et à personne d’autre que Bardella propose un débat dans l’entre-deux-tours, de manière à installer un duel LFI-RN qui fait passer sous la table les autres composantes de la gauche. Stratagème cousu de câble blanc consistant à extrémiser l’adversaire pour renforcer son apparence de respectabilité.
Inconcevable légèreté
Alors pourquoi, dans une inconcevable légèreté, Olivier Faure a-t-il accepté que ce soit le leader de la France insoumise, au soir du premier tour, qui annonce les consignes de vote du NFP, entouré de ses lieutenants et de Rima Hassan, coupable de dérapages hautement contestables lors des européennes ? Pourquoi n’a-t-il pas exigé que les candidats les plus radioactifs de la France insoumise, un fichier S par exemple, ou un candidat communautaire auteur de déclarations antisémites, soient privés de l’investiture NFP ? Pourquoi n’a-t-il pas coupé court à l’entreprise nuisible des dirigeants de LFI consistant à répéter sans cesse que l’éventuel Premier ministre sera issu de leurs rangs, comme vient de le marteler encore Sofia Chikirou, surnommée « stalinette » pour ses réquisitoires violents contre ceux qui avaient eu le toupet de critiquer le lider maximo ?
Laisser libre cours à ces palinodies délétères, c’est évidemment servir sur un plateau à la droite et à l’extrême-droite les thèmes de leur campagne anti-gauche. Alors même que les socialistes, grâce à Raphaël Glucksmann, avaient repris l’ascendant électoral sur la gauche, permettant au PS de négocier une meilleure répartition des circonscriptions et de montrer ainsi que le Nouveau Front Populaire, comme le disent avec clarté les écologistes, ne doit pas être un instrument dans les mains de Jean-Luc Mélenchon.
Rarement le besoin d’une gauche démocratique, crédible, créative et ouverte s’est fait sentir avec autant de netteté. C’était le moment d’affirmer l’autonomie du Parti socialiste et son sens des responsabilités, ce qui aurait facilité la constitution du nécessaire « front républicain » contre le RN. Au lieu de cela, il se tait et se laisse mélenchoniser. On s’étonnera, après, si la stratégie de barrage anti-RN finit par échouer, alors même qu’on sent un sursaut de la gauche et des républicains devant le danger Bardella.