Marianne, à droite toute
Pierre-Edouard Stérin, catholique de droite dure et admirateur de Bolloré s’empare de Marianne, magazine lancé autrefois par Jean-François Kahn. La rédaction, piégée, s’insurge
Le magazine Marianne, fondé en 1997, est à la veille d’une nouvelle ère. Daniel Kretinsky, milliardaire tchèque et actuel propriétaire, envisage de vendre le titre à Pierre-Edouard Stérin, entrepreneur catholique et admirateur de Vincent Bolloré. Cette vente potentielle divise profondément la rédaction.
Depuis sa création par Jean-François Kahn et Maurice Szafran, Marianne a cherché à perturber le discours médiatique dominant avec un « centrisme révolutionnaire » et une défense acharnée de la laïcité. Cependant, le magazine a toujours été marqué par des crises internes et des défis financiers.
Le 21 juin, les journalistes ont voté à 60,3 % contre l’opposition au rachat par Stérin, révélant une rédaction fracturée. Natacha Polony, directrice de la rédaction, a soutenu le projet de Stérin, assurant qu’elle garantirait l’indépendance éditoriale. Cette position a exacerbé les tensions, certains journalistes se sentant trahis.
Marianne a souvent pris des positions audacieuses, comme son opposition aux bombardements de l’OTAN en 1999 et son soutien au « non » lors du référendum sur le traité européen en 2005. Ces choix ont souvent isolé le magazine mais ont aussi renforcé son identité unique.
Aujourd’hui, alors que le Rassemblement National gagne en influence, l’avenir de Marianne est incertain. La rédaction est à un carrefour, confrontée à la difficile tâche de préserver ses valeurs tout en s’adaptant à une potentielle nouvelle direction conservatrice.