Matignon : la droite s’approche
Le président s’est enfin décidé à consulter pour nommer ensuite un ou une Première ministre. Le centre-droit tient la corde…
Tout arrive… Emmanuel Macron recevra enfin les chefs de partis et de groupes parlementaires la semaine prochaine, ce qu’il aurait dû faire dès le résultat des élections législatives connu. Comme nous l’écrivions hier, attendre plus longtemps, c’était prêter le flanc à l’accusation de « déni de démocratie » portée par plusieurs dirigeants de l’opposition.
Tout arrive… Lucie Castets, pressentie par le Nouveau Front Populaire pour Matignon, a écrit une lettre aux parlementaires pour rappeler qu’elle est candidate et, surtout, pour annoncer enfin que son gouvernement « devra en premier lieu tenir compte du fait que la majorité sur laquelle il s’appuie n’est que relative et qu’il lui sera dès lors nécessaire de convaincre au-delà des rangs du Nouveau Front populaire pour construire des majorités parlementaires ». Il était temps de s’en apercevoir. La lettre est signée, entre autres par les dirigeants de LFI, qui désavouent donc Jean-Luc Mélenchon, pour lequel il fallait appliquer « tout le programme du NFP et rien que le programme ».
Voilà une nécessité, celle du compromis, née d’une majorité relative, que le NFP reconnaît bien tardivement. Aurait-elle été énoncée d’emblée qu’Emmanuel Macron aurait eu plus de mal à balayer d’un revers de la main l’idée d’un gouvernement NFP. Alors pourquoi cette intransigeance absurde ? Pour une raison transparente : le leader insoumis n’entend pas gouverner en acceptant des compromis, ce que les chefs de LI ont répété sur tous les tons jusqu’à cette lettre soudain plus conciliante, accusant de traîtrise tous ceux qui à gauche allaient dans ce sens. Ce qui compte pour Mélenchon, c’est la prochaine élection présidentielle, qu’il rêve de précipiter en bloquant toute solution de gouvernement et en réclamant la démission d’Emmanuel Macron.
Si l’on en croit les responsables anonymement cités par Le Figaro, les leaders de la gauche se résignent peu à peu à abandonner l’idée de gouverner. « Tout le monde sait que c’est mort, mais nous nous devons de maintenir la pression sur Emmanuel Macron puisque nous sommes arrivés en tête », explique une parlementaire socialiste. Dès lors, si l’hypothèse se confirme, la nomination de Lucie Castets n’est plus une perspective crédible, mais un simple thème de campagne visant à affaiblir Macron. Toutes ces palinodies n’auront eu qu’un seul effet : repousser aux calendes grecques et macroniennes les mesures sociales qui auraient pu sortir d’un accord de la gauche avec d’autres parlementaires. Les classes populaires attendront…
Quelles sont les autres solutions ? Au fond, il n’y en a plus que deux : un premier ministre issu du centre-gauche appuyé sur l’ancienne majorité et comptant sur la neutralité bienveillante des socialistes ; dans ce cas, la figure de Bernard Cazeneuve, homme d’État respecté et républicain incontestable, correspond à l’équation politique souhaitée. Si tant est qu’il veuille s’y coller. Ou bien une majorité (tout aussi relative) constituée des mêmes centristes et de la droite LR, cas de figure sans doute plus probable. Tout ça pour ça ? Eh oui ! On aura dissous l’Assemblée, bouleversé le paysage politique, tenu le pays en haleine pendant deux mois, pour réinventer l’UMP de feu Jacques Chirac. Dans le genre vintage, ce serait un tour de force…