Matignon : la solution évidente
Si l’on prend en compte les différents facteurs qui influent sur la vie politique française, il est facile de deviner qui sera Premier ministre demain.
Le problème est très simple : après avoir subi deux défaites électorales cinglantes, le président a voulu préserver le bilan désavoué par les électeurs en nommant un homme de droite issu d’un parti battu aux législatives allié à ses propres troupes sortant d’une bérézina, espérant assurer la neutralité du RN, lequel, après une période d’observation et dont la cheffe avait été bousculée par les magistrats, a préféré jeter bas l’édifice, obligeant le président à trouver, soit un homme qui serait le clone du premier mais présentant les mêmes risques d’être renversé, ou bien un Premier ministre plus à gauche qui amadouerait le Parti socialiste qui hésite à se mouiller vraiment, dénoncé par LFI qui se moque comme d’une guigne de trouver un gouvernement à la France, dans la mesure où Jean-Luc Mélenchon vise non pas à agir dans le sens de l’intérêt du pays, mais à provoquer une élection présidentielle anticipée pour livrer un dernier baroud avant de céder la place, ce qui plonge la gauche dans la division et la fait hésiter à participer à une combinaison de centre gauche où les macroniens accepteraient enfin de faire des concessions, ce qui favoriserait un homme issu de la gauche mais pas trop marqué de ce côté – Cazeneuve ou Migaud, par exemple – de manière à rallier les centristes et à empêcher la droite de ruer dans les brancards, à moins que Macron ne désigne un homme du centre droit qui tente une nouvelle fois l’expérience Barnier – Bayrou ou Lecornu – laquelle rendrait au RN les clés de la situation, ce qui fragiliserait d’emblée le nouvel attelage, sauf si, bien sûr, le président, retiré quelques heures en Pologne, revenait avec une idée nouvelle qu’il aurait sortie de son cerveau où l’hémisphère droit l’emporte sur l’hémisphère gauche mais où un éclair de lucidité pourrait le faire pencher un peu plus à gauche.
L’affaire, toutefois, est un peu plus compliquée : il faut aussi prendre en compte les derniers sondages, qui donnent l’avantage à Marine Le Pen, le cours des actions à la Bourse de Paris, le niveau du déficit, l’écart des taux entre la France et l’Allemagne, la guerre en Ukraine, la situation à Gaza, l’état calamiteux de l’industrie française, la concurrence chinoise et la négociation en cours sur le Mercosur qui suscite l’ire des agriculteurs, ainsi que les incertitudes qui minent l’Union européenne et la nécessaire redéfinition du rôle de l’OTAN, en fonction de l’arrivée prochaine de Donald Trump au pouvoir.
Résumons-nous : si Macron continue de pencher à droite, il nommera un Premier ministre proche de la droite, s’il revient aux sources centristes du macronisme, il nommera un Premier ministre de centre-gauche. Voilà le travail…