Médine ou la canicule : quel est le plus important ? On hésite…
Sous l’impulsion des Verts, la gauche s’est lancée dans un exécrable feuilleton d’été. Il y avait mieux à faire : par exemple de réfléchir un tant soit peu à la hausse des températures
Plutôt que de débattre de manière parfaitement malsaine du bon et du mauvais antisémitisme, peut-on suggérer à la gauche qui ouvre ses universités d’été de se concentrer, par exemple, sur les solutions de lutte contre le dérèglement climatique qu’elle peut proposer ? La canicule qui frappe une bonne moitié du pays et le record battu des températures à cette saison mettent en exergue l’urgence de ce travail. Ce serait un moyen de sortir de la séquence absurde déclenchée par Marine Tondelier, la maladroite patronne des Verts, qui oblige maintenant, par amalgame, les militants de gauche à se défendre, face à la droite, de l’accusation de complaisance envers cette forme de racisme, quand bien même ils l’auraient combattue toute leur vie.
Les thèmes de débat ne manquent pas, en voici quelques-uns (1).
Il faut inventer une nouvelle forme de planification, ni soviétique ni gaullienne, qui combine une action volontaire et énergique de l’État et une franche décentralisation qui permettra de mobiliser les régions et les communes autour de l’objectif commun. Quels en sont les voies et moyens ?
Il est impératif de dégager des ressources financières très conséquentes pour financer la mutation de l’appareil industriel, ce qui écarte la solution de la décroissance, synonyme de baisse des recettes de l’État et oblige tout gouvernement, non à combattre la croissance mais à la repenser en profondeur. Comment y parvenir en période d’endettement massif et de déficit chronique ? Par quelle réforme fiscale peut-on trouver les fonds qui manquent aujourd’hui ?
Il serait irrationnel de programmer la sortie du nucléaire quand la production française d’électricité dépend étroitement de cette source d’énergie non-émettrice de CO2, que les renouvelables ne peuvent pour l’instant remplacer. Quels investissements ? Quelles mesures prendre qui garantiront la sûreté des installations et résoudront le casse-tête des déchets ?
La mutation écologique suppose une restructuration industrielle d’ampleur. Quid des salariés concernés, quels seront les emplois supprimés d’un côté et créés de l’autre ? Comment assurer la reconversion des travailleurs qui seront touchés ?
Plutôt que de multiplier de manière pointilliste les injonctions à la sobriété, ne vaut-il pas mieux rendre transparente (par étiquetage systématique) l’empreinte carbone des produits et des services consommés par les Français, de manière à mettre chacun devant ses responsabilités ? Et pourquoi ne pas étudier plus à fond les systèmes de « compte carbone » mis en avant par plusieurs associations ?
Cette liste, on l’aura compris, n’a rien d’exhaustif. Mais ces sujets sont incontournables pour quiconque veut engager franchement le pays dans la voie de la mutation écologique, objectif central (avec quelques autres) pour toute gauche responsable. Plutôt que s’embourber dans l’exégèse des textes d’un rappeur contesté, ne serait-ce pas une bonne méthode pour permettre à la gauche de redevenir audible ?
- (1) Les propositions évoquées ici sont issues pour partie des textes élaborés au sein du Lab de la Social-Démocratie, qui seront rendus publics à l’automne.