Mélenchon fait campagne contre Macron… en Afrique
Le leader de la France insoumise va au Sénégal applaudir les discours critiques contre à la « France néocoloniale ».
Jean-Luc Mélenchon s’est rendu à Dakar au milieu du mois de mai, après la victoire à l’élection présidentielle de Bassirou Diomaye Faye. Ce n’est pas la première visite africaine du leader de la « France insoumise » . On se souvient de ses déplacements les plus récents, à Ouagadougou en 2021 ou à Kinshasa en 2023. Dans la capitale du Burkina Faso, il avait rendu un hommage appuyé à Thomas Sankara, et, à la veille de la présidentielle française, il voulait s’inspirer du « Balai citoyen », ce mouvement sankariste qui, en 2014, avait précipité la chute du président Compaoré. Ironie de l’histoire, à cette occasion, il rendit visite au président Kaboré, lui-même renversé quelques mois plus tard par un coup d’État à la Sankara…
Deux ans plus tard, il était en République démocratique du Congo et rencontre Tshisekedi, le président actuel, pour exprimer « toute sa fraternité avec le peuple congolais ». Au moment même où le président congolais, candidat à sa propre réélection, se rapproche des États-Unis, la scène pouvait paraître étrange. Sa cible est alors le président Kagamé du Rwanda voisin, accusé de soutenir le mouvement rebelle M23. Ces derniers jours, le voilà à Dakar, à un moment où le Sénégal sous la houlette de ses nouveaux dirigeants semble s’éloigner de la France. En pleine campagne pour les Européennes, une façon de plus de détourner l’attention des questions que réclame cette élection et de se positionner clairement contre la politique africaine de Macron.
Mélenchon a été invité par le parti au pouvoir le PASTEF, re-né de ses cendres après sa dissolution par Macky Sall. Ce rapprochement a du sens. Pour le nouveau président et son Premier ministre Ousmabe Sonko, c’est l’occasion de se démarquer plus encore plus de Macron voire de se rapprocher, idéologiquement au moins, de Poutine. Le 16 mai 2024, le leader de la France insoumise a dû être ravi de la diatribe virulente de Sonko, prononcée devant un public enthousiaste d’étudiants de la grande université de Dakar. Le chef du PASTEF a, en effet, souligné la forme de néocolonisation qui préside aux relations entre l’Occident et l’Afrique et à laquelle la France participe activement.
Selon lui, Macron a beau prétendre à Ouagadougou en 2017 que la France refuserait désormais « tout soutien politique à des régimes autoritaires et corrompus », il n’en a rien été au Sénégal. À preuve, celui accordé par le président français à Macky Sall. Mais surtout, cette néocolonisation ignore la volonté de « souveraineté nationale et d’autonomie stratégique » des pays africains. Le message à l’intention de la France en présence d’un des principaux opposants à Macron, ne peut guère être plus clair. Oui à la coopération et à la collaboration, mais dans le respect de « la souveraineté du Sénégal dans le domaine monétaire, mais aussi sécuritaire ». Plus concrètement encore : mettre fin aux bases militaires françaises et au franc CFA. Macron est prévenu.