Mélenchon « le dingue »
Chaque week-end, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond ? L’essentiel.
Lundi 29 juillet – JO : le peuple désavoue les populistes
De manière fort prévisible, la secte promue par les médias Bolloré et Le Figaro Vox s’est déchaînée contre la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Ces intellectuels auto-proclamés qui se réclament de « l’anticonformisme » ont tous récité le même catéchisme de Pavlov pour vouer aux gémonies une cérémonie « woke » et « décadente », qui signalerait de manière « obscène » l’effacement de la France. « Impossible de faire pire », avait tranché Alain Finkielkraut pour qui le « génie français brillait par son absence » et « la beauté n’existait plus, remplacée par la lutte contre les discriminations ».
Las ! Interrogés par Harris, 85 % des Français ont jugé la cérémonie « réussie » et seuls 5% ont rejoint le lamento des folliculaires bolloréens. Et pour cause : la fusion entre la nouveauté alliée au prestige d’un décor historique unique a séduit le monde entier ; la représentation de questions d’aujourd’hui sur une scène d’hier, la conjugaison des cultures populaires et d’avant-garde, le mélange entre l’héritage historique et la création, entre l’identité et l’universel, ont provoqué l’admiration de la planète et un record d’audience dans tous les pays. Le déclin ? La décadence ? L’effacement de la nation ? Obsessions plaquées et ridicules quand une cérémonie rend fiers les Français et enthousiasme le monde entier par sa force créative et technologique. L’extrême-droite pense qu’elle a gagné « la bataille culturelle ». Est-ce si sûr ? Cette fois-ci, en tout cas, elle prêche les convertis et ne convainc que les convaincus, soit 5% de l’opinion. « Ne courrez-vous pas le risque de passer pour un facho passéiste et un ringard ? », a demandé Eugénie Bastié du Figaro à Alain Finkielkraut. Si c’est elle qui le dit…
Mardi 30 juillet – Mélenchon ce « dingue », selon Olivier Faure.
« L’orientation politique de notre gouvernement sera le programme du Nouveau Front Populaire », annonce Lucie Castets, virtuelle Première ministre d’un hypothétique gouvernement du Nouveau Front Populaire. La phrase est ambiguë, pour le pas dire oxymorique. Une « orientation » et un « programme » sont deux choses différentes. L’orientation fixe des objectifs généraux, elle laisse la place à l’interprétation, à l’amendement ; le programme énumère des mesures précises et impératives : à l’inverse de ce que suggère l’emploi du verbe être par Lucie Castets, on ne saurait les confondre. Mauvaise maîtrise du français ? Pas forcément : une manière, surtout, de contredire – sans oser le dire – les déclarations de Jean-Luc Mélenchon au soir du scrutin législatif (« tout le programme, rien que le programme »). D’ailleurs Olivier Faure a levé tout ambiguïté lors d’un conseil du PS cité par Le Monde : « Nous ne sommes pas dingues, nous savons parfaitement que nous ne pouvons pas appliquer tout le programme du NFP » Intéressante précision : si Faure n’est pas « dingue », ceux qui ont exigé « tout le programme » le sont. CQFD : Mélenchon est « dingue ».
Mercredi 31 juillet – Le péché originel du NFP
Dans un sondage des Échos sur la popularité des leaders politiques, la plupart des personnalités gauche chutent sévèrement. La cause ? Les quinze longs jours de pantalonnade autour de la recherche d’un ou d’une Première ministre acceptable pour toutes les parties. Le spectacle de ce triste vaudeville a dégoûté l’électorat de gauche qui avait vu décelé un début d’espoir dans le bon score du Nouveau Front Populaire aux législatives. Ce qui nous renvoie au « dingue » indirectement désigné par Olivier Faure, à savoir Jean-Luc Mélenchon. En exigeant qu’on appliquât « tout le programme, rien le programme » et en récusant tout ou toute candidate qu’il ne jugeait pas assez proche de LFI, il a fermé d’emblée la porte à tout compromis, c’est-à-dire à toute expérience gouvernementale. En feignant de confondre majorité relative et majorité absolue, en désignant à l’avance comme traîtres ceux qui tenaient compte du réel, il a fait du NFP une gauche au discours maximaliste incompatible avec sa position minoritaire : une simple force de protestation. Tant pis pour les smicards, les futurs retraités, les fonctionnaires, au foin les services publics ou la mutation écologique : leur sort sera entre les mains d’un gouvernement de droite. Conformément à la tradition de la gauche radicale, Mélenchon a tout demandé. Résultat, la gauche n’aura rien.
Jeudi 1er août – Kamala, elle l’a
Elle a la niaque, en tout cas. Celle qu’on disait effacée, muette, empruntée, condamnée au second rôle, a réussi un début de campagne sans faute. Drôle, émouvante, offensive, énergique : avec elle, l’espoir change de camp. Excellent président, Biden a compris qu’il valait mieux un sortant glorieux qu’un sortant battu. Désormais, le sénile, c’est Trump et l’avenir, c’est Harris. Nous l’écrivions ici après l’attentat de Butler contre le candidat républicain : Trump n’a pas encore gagné. La moitié de l’Amérique récuse le radoteur du MAGA, qui a remplacé le raisonnement par l’invective, la critique par l’insulte et la réalité par des « vérités alternatives ». Elle n’a pas changé d’avis après la tentative d’assassinat. Elle a salué le sang-froid d’un démagogue batailleur, ce qui n’est pas une adhésion. Elle s’inquiétait surtout de la réélection d’un président manifestement diminué. Les cartes sont rebattues et le combat entre raison démocrate et démagogie nationaliste reprend là où Biden l’avait laissé. Encore une fois, l’élection se jouera au centre, notamment dans les « swing states », les états décisifs. Harris a tous les atouts pour faire basculer les hésitants de son côté.
Vendredi 2 août – Venezuela : les élections selon la gauche radicale
Maduro clame qu’il a gagné. Les sondages de sortie des urnes prédisaient une victoire écrasante de l’opposition. Une bonne dizaine de pays démocratiques expriment leur scepticisme devant ce résultat miraculeux et demandent des éclaircissements. Seuls la Chine, l’Iran et la Russie félicitent le président vénézuélien pour sa supposée victoire : impeccables cautions démocratiques.
Importuné par ces doutes, Maduro a fait tirer sur le peuple – déjà douze morts – et emprisonne quelque 700 opposants. Il parle maintenant d’ouvrir des camps de redressement pour les dissidents. La gauche chaviste – l’équivalent de la gauche radicale en France – a déjà ruiné un pays doté d’énormes réserves de pétrole et provoqué l’exil de millions de personnes. Elle se maintient au pouvoir par la triche et la répression. Silence radio, bien sûr, chez LFI. On pense à cette vieille blague sur le communisme : « Le communisme prend le pouvoir au Sahara. Au bout d’un an, il ne se passe rien. Au bout de deux ans, pénurie de sable ».