Meloni face aux droits de douane

par Marcelle Padovani |  publié le 04/04/2025

Giorgia Meloni a réalisé mercredi 2 avril vers 22 heures que sa position acrobatique, comme un grand écart entre les États Unis et l’Union Européenne, risquait de devenir problématique. 

Giorgia Meloni au Bâtiment Europe de Bruxelles le 20 mars 2025. (Photo by John Thys / AFP)

Quand « l’amico Donald », comme elle le nomme volontiers, a annoncé ses mesures commerciales contre l’Europe, il n’a pas épargné l’Italie. C’est ainsi. Fière des 17% d’augmentation des exportations italiennes vers l’Amérique en 2024, Meloni avait pourtant caressé l’idée d’une entente spéciale entre Rome et Washington. Il n’en est rien, du moins pour l’instant. 

Entre la petite blonde de la banlieue romaine et le vaste colosse du Queens new-yorkais, entre l’européenne sceptique et le nationaliste américain, le pouvoir italien avait espéré mieux. Pire, Meloni qui attendait l’annonce rapide d’une prochaine invitation aux États-Unis, devra finalement se contenter d’accueillir le vice-président JD Vance à Rome du 18 au 20 Avril.  

Certes, la Présidente du Conseil pourra s’enorgueillir avec lui des déclarations de Tilman Fertitta, le nouvel ambassadeur américain en Italie, qui a déclaré le 2 Avril que « Meloni est une Première ministre phénoménale ». Mais comment pourra-t-elle oublier cet incident du 8 décembre, quand elle salua Donald Trump et qu’il demanda dans la foulée à Emmanuel Macron : « Et celle-là , qui c’est ? »

Sur le terrain européen, en revanche, la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen a légèrement réconforté la Première ministre quand elle a réagi avec prudence, déclarant par exemple : «nous ne sommes pas en guerre, mais nous devons réagir», et ce , «en choisissant la négociation».   

Meloni se devait d’approuver ce qui ressemble à sa propre ligne de conduite. Ses rapports avec la Présidente de la Commission ont d’ailleurs été jusqu’ici suffisamment bons pour que l’Italienne vote à Bruxelles sa confiance à l’Allemande, obtenant au passage une vice-présidence pour son protégé Raffaele Fitto.

Les jeux sont ouverts. L’équilibriste de la Péninsule, toujours solidement assise entre deux chaises, voit sa tendance naturelle à l’oscillation couronnée par les faits. Car Donald Trump, en s’en prenant à l’Europe, a finalement encouragé l’union. Il a poussé « la Meloni » à se rapprocher davantage de la Commission malgré ses convictions anti-européennes latentes. Le nouvel adage de Giorgia Meloni, alors pourrait être une phrase du type : « L’augmentation des droits de douane ? C’est sans nul doute une erreur, pas une catastrophe ».

Marcelle Padovani

Correspondante à Rome