Meloni, Trump, Le Pen: les populistes contre le peuple
L’extrême-droite italienne au pouvoir a réduit de manière draconienne l’aide aux plus pauvres. Un revirement antisocial dont les partis populistes sont coutumiers
Giorgia Meloni, cheffe du parti postfasciste qui a gagné les dernières élections italiennes, a choisi la date du 1er mai pour supprimer l’aide dont bénéficiaient les Italiens les plus pauvres et pour faciliter l’usage des contrats précaires par les entreprises.
Le « revenu de citoyenneté » avait été instauré par le parti antisystème Cinq Étoiles pour tenter de limiter la pauvreté dans le pays. La mesure avait été critiquée pour son coût (8 milliards d’euros), et surtout parce qu’elle ne comportait pas de dispositif de retour vers l’emploi. Mais elle permettait à des nombreuses familles de rester la tête hors de l’eau.
Plutôt que de chercher à l’améliorer, la présidente du conseil a préféré réduire radicalement son champ d’application en excluant près de deux millions de personnes du dispositif. Comme le dit Elly Schlein, nouvelle dirigeante du Parti démocrate de centre gauche, Giorgia Meloni a choisi de « combattre les pauvres plutôt que la pauvreté ».
On aurait grand tort de s’en étonner : c’est le propre des gouvernements populistes que de promettre la lune aux plus modestes et de faire le contraire une fois au pouvoir. Ainsi en Grande-Bretagne, les « brexiters », pendant une campagne ardemment populiste, avaient fait miroiter à l’électorat ouvrier les avantages qu’il allait retirer de la rupture avec l’Europe.
Sept ans après le référendum, alors que les conservateurs brexiters sont toujours au pouvoir, les salariés britanniques n’ont connu aucune amélioration de leur sort et doivent subir une inflation qui rabote leur pouvoir d’achat, dans une économie à la traîne de l’Europe.
Aux États-Unis, l’équipe Trump au pouvoir entre 2016 et 2020, elle aussi soutenue par un fort vote populaire, a surtout pris des mesures en faveur des milliardaires et assoupli les règles bancaires destinées à lutter contre la spéculation.
Partout, l’extrême-droite se targue de défendre les plus modestes contre les privilèges d’un establishment voué aux gémonies, en tenant un discours social audacieux. Partout, elle tourne le dos à ses promesses dès qu’elle saisit les rênes du gouvernement. Sauf sur un point : elle n’oublie pas de s’attaquer à ceux qu’elle a désignés comme les boucs émissaires de la crise, à savoir les migrants.
Autrement dit, l’extrême-droite, n’en déplaise à certains politologues, est toujours de droite. Elle parle au nom du peuple, mais elle agit en faveur des classes dirigeantes. Certains en France soulignent avec complaisance le « tournant social » pris par Marine Le Pen depuis quelques années.
Les expériences étrangères jettent un doute sur la sincérité de cette conversion. Celles-ci tendent surtout à montrer que le succès des populistes de droite repose, avant tout, sur une imposture.