Melonie : cinquante nuances de brun
On la qualifiait de « fasciste » il y a un an, elle est devenue « post fasciste » puis, aujourd’hui, « a-fasciste ». Quitte à en payer le prix…
Où va Meloni, au sein de cette Europe qu’elle a longtemps abhorrée au nom de son « souverainisme patriotique » ? Voilà qu’elle s’entend avec Ursula von der Leyen comme larrons en foire, recevant en retour une vice-présidence exécutive à la Commission Européenne pour l’un de ses hommes-clé, le député Raffaele Fitto.
La majorité des médias s’empressent de saluer « la victoire politique » de « la Meloni ». D’autres invoquent les difficultés de la présidente de la Commission européenne, en délicatesse avec les démocrates-chrétiens allemands et les socialistes européens, qui composent son étroite majorité gouvernementale. Ursula Von der Leyen aurait jugé utile d’élargir son assise à l’extrême-droite, à condition qu’elle devienne présentable. Giorgia Meloni en est la représentante idéale, sympathisante de Viktor Orban et de Vladimir Poutine, mais d’une fidélité sans faille à l’OTAN
Voilà donc Meloni confortablement assise dans le « salon comme il faut » de l’Union Européenne, pour reprendre l’expression du Corriere Della Sera. Pour y rester, la présidente du conseil devra manifester un soutien encore plus solide à l’Ukraine, se joindre à la lutte pour le climat, et coopérer à une politique réaliste, mais distante à l’égard de l’administration Trump.
Encore faut-il, dans ce glissement vers la droite classique, qu’elle soit suivie par les siens. Loin d’adhérer au tournant européen de la Première ministre, ses alliés, tel le premier d’entre eux, Matteo Salvini, continuent à se réclamer de l’extrême-droite. Malgré son mauvais score aux Européennes – 10% des voix – le vice-président du Conseil persiste à flirter avec Marine Le Pen et Victor Orban, à voter à Bruxelles contre Ursula von der Leyen et à se joindre au choeur des populistes nationalistes. Tandis que l’autre vice-président du Conseil, le berlusconien Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères, marivaude avec le centre gauche. Assise entre deux chaises, chauve-souris du populisme, Giorgia Meloni découvre les joies du rentrage politique. Pas simple de devenir présentable…