Météo: c’est la faute à la bombe…climatique

par Jacques Treiner |  publié le 06/01/2024

Le Pas-de-Calais se noie, la Corse brûle, les Pyrénées-Orientales n’ont plus une goutte d’eau, la France va geler dans les prochains jours… Que disent les scientifiques sur ces apparents paradoxes, quelles questions se posent-ils ?

8. Inondations dans un village de la Drôme. Pluies torrentielles et coupures de routes. Alerte orange, orages, pluies et inondations - Photographie Romain Doucelin / Hans Lucas.

L’aspect le plus « simple » concerne les précipitations : nous savons que 1 degré de réchauffement produit une augmentation de la concentration en vapeur d’eau de 7% (le réchauffement moyen de la planète est aujourd’hui d’environ 1,3 degré). Donc quand cette masse accrue de vapeur se condense, les pluies sont plus intenses.

Examinons quelques instantanés de la météo depuis jeudi dernier jusqu’à dimanche. Les masses d’air froid sont représentées en bleu, les masses d’air chaud en rouge. On voit se développer une énorme bulle d’air froid qui, en quatre jours, descend jusqu’en Espagne et va se prolonger la semaine prochaine.

On voit donc que les vagues de chaleur ou de froid ne résultent pas d’un réchauffement ou d’un refroidissement local. Il s’agit de grandes masses d’air qui montent par exemple du Sahara vers l’Europe en cas de chaleur ou qui descendent du nord en cas de froid, et qui s’installent pour des périodes plus ou moins longues.

Mais ce que les bulletins météo ne permettent pas de comprendre, c’est la raison pour laquelle ces masses d’air se déplacent ainsi. Pour cela, il faut remarquer que ces représentations à deux dimensions (longitude et latitude) ne montrent que les vents au niveau du sol, en oubliant que l’atmosphère a trois dimensions, dont l’une… verticale !  

 « Cellule polaire » : l’air froid tombe au niveau du pôle, se dirige vers le sud au niveau du sol, puis remonte en altitude vers une latitude de 60° et se dirige vers le nord en refermant la cellule.

« Cellule de Ferrel « : « La zone rouge fait partie d’une autre cellule comprise entre les latitudes de 30° et 60°. Là, l’air gagne en altitude, oblique vers le sud vers 10-15 km d’altitude, redescend vers une latitude de 30°, puis se dirige vers le nord en fermant la cellule.

La frontière entre les zones bleues et rouges du bulletin météo doit être imaginée comme une frontière entre masses d’air se déplaçant verticalement.

Les images vidéos, montrent  que cette frontière fluctue en latitude, oscillations que nous ressentons comme des canicules, lorsqu’il s’agit de bulles géantes chaudes venant de la cellule de Ferrel, ou qui provoquent des chutes de neige au Texas ou dans le sud de l’Europe lorsque les oscillations se présentent comme des bulles géantes d’air froid venant de la cellule polaire. 

Dans quelle mesure le réchauffement climatique modifie-t-il ces structures à grande échelle de l’atmosphère ?

Il est possible que le réchauffement climatique fasse que les fluctuations de la frontière entre cellules de l’atmosphère augmentent en ampleur, produisant ainsi des bulles froides descendant plus au sud qu’avant, et des bulles chaudes remontant plus au nord qu’avant.

Ce n’est qu’une piste de travail parmi d’autres. Ces sujets ne sont pas encore tous bien compris , même par les scientifiques. Ils y travaillent !

Jacques Treiner

Chroniqueur scientifique