Météo ou climat : ne pas confondre

par Jacques Treiner |  publié le 08/01/2024

Le Pas-de-Calais se noie, la Corse brûle, les Pyrénées-Orientales n’ont plus une goutte d’eau, la France gèle dans les prochains jours…Comment s’y retrouver ?

Pour les précipitations, c’est simple. Une atmosphère dont la température augmente peut contenir plus de vapeur d’eau (effet sauna) : 1 °C de réchauffement, c’est 7 % de vapeur d’eau en plus ; on est aujourd’hui à 1,3 °C, cela fait 10 % de vapeur d’eau en plus. Quand cette masse accrue de vapeur se condense, les pluies sont plus intenses.

Examinons à présent quelques instantanés de la météo la semaine dernière. Les masses d’air froid sont représentées en bleu, les masses d’air chaud en rouge. On voit se développer une énorme bulle d’air froid qui, en quatre jours, descend jusqu’en Espagne et va se prolonger cette semaine.

Ces images montrent que les vagues de chaleur ou de froid ne résultent pas d’un réchauffement ou d’un refroidissement local.

Il s’agit de grandes masses d’air qui montent par exemple du Sahara vers l’Europe en cas de chaleur ou qui descendent du Nord en cas de froid.

Mais pourquoi se déplacent-elles ainsi ? Pour le comprendre, il faut rétablir la troisième dimension de l’atmosphère, la dimension verticale !  

Voici comment les choses se présentent, sous forme d’une coupe verticale schématique de l’atmosphère depuis l’équateur jusqu’au pôle Nord.

Il existe trois grandes structures, appelées « cellules », où la température diminue avec l’altitude. Plus on monte, plus il fait froid. Le sommet de ces tourbillons est à environ 16 km d’altitude à l’équateur et 7 km au pôle Nord (ligne tropopause, en rouge). La France se situe entre les latitudes de 40 et 50 degrés, elle contient donc la frontière entre la cellule polaire et la cellule de Ferrel  – zone tempérée – en couleur, les zones bleue et rouge des cartes météo.

Dans quelle mesure le réchauffement climatique modifie-t-il ces structures à grande échelle ?

Une chose est établie : le réchauffement climatique augmente l’altitude de la tropopause, ce qui déplace la frontière de la cellule de Hadley – intertropicale – vers le Nord. Donc plus chaud.

Conséquence : aridification du bassin méditerranéen, notamment la partie sud de l’Europe. C’est bien ce que l’on a constaté ces dernières années en Espagne, en Italie, en Grèce. Il s’agit là d’une tendance de fond.

Question : le réchauffement climatique a-t-il un effet sur l’ampleur des fluctuations de la frontière entre cellules, visibles sur les images météo ?

Une piste. L’atmosphère assure un transfert de chaleur de l’équateur vers les pôles, dont l’efficacité dépend de l’écart de température. Or cet écart diminue, car le réchauffement est de 2 à 3 fois plus important aux hautes latitudes. Au Nord, il provoque le remplacement de surfaces glacées qui réfléchissaient le rayonnement solaire par l’eau de mer absorbant la chaleur.

Cela influence-t-il l’ampleur des fluctuations en question ? Ces sujets ne sont pas encore tous bien compris par les scientifiques, mais… ils y travaillent ! 

Jacques Treiner

Chroniqueur scientifique