Mia Mottley: une voix pour le climat venue du Sud
Sa voix de femme, travailliste, venue de la Barbade, porte les aspirations des pays pauvres du Sud
Première ministre de la Barbade, une petite île des Caraïbes de 300 000 âmes — qui risque d’être engloutie par la mer au-delà d’un réchauffement de 1,5 degré — Mia Mottley, 57 ans, est venue à Paris « avec le cœur lourd, mais avec espoir », alors que son pays est en alerte à la tempête tropicale dans une période où habituellement les cyclones n’ont pas encore commencé.
Ce sont les pays les plus pauvres, ceux du Sud, qui sont les premiers menacés par le réchauffement climatique. Eux aussi qui ont le moins de moyens financiers pour l’affronter, a souligné Mia Mottley, chef de file de la quarantaine de chefs d’État invités. Dans ce sommet où Lula est applaudi et Emmanuel Macron sifflé, elle est devenue un emblème, elle qui plaide pour une « transformation absolue » du système financier mondial.
Et son discours — « Il est temps d’agir » — a été salué par un tonnerre d’applaudissements.
Militante travailliste et LGBT, femme engagée, avocate vite happée par la politique, elle siège au Parlement de son pays avant de gravir les échelons qui la conduiront à devenir ministre de l’Éducation, puis Première ministre en 2018 avec 72,8 % des voix la totalité des 30 sièges de la Chambre.
Pour son deuxième mandat, le climat est sa bataille. Il y a deux ans, à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, elle se fait ovationner lors d’un discours sur le climat quand elle part en guerre contre les pays du Nord qui refusent de payer les dégâts des catastrophes subies par les pays du Sud.
« Sommes-nous tellement aveuglés et endurcis que nous ne puissions plus entendre les cris de l’humanité ? » s’était-elle emportée, A l’image du chanteur jamaïcain Bob Marley et sur l’air de reggae de « Get up, Stand up », elle avait scandé à la tribune : « qui se lèvera et tiendra bon pour les droits des peuples (…) pour les petits états insulaires qui ont besoin d’un réchauffement inférieur à 1,5 degré pour survivre ? ».
C’est bien tout l’enjeu aujourd’hui. Sans le « Sud global », le Nord ne peut rien. Mia Mottley est là pour le clamer.