« Mobilité »
Novlangue. De Newspeak, George Orwell, « 1984 ». Langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité
En principe, est mobile ce qui peut se déplacer ou être déplacé : mobilité d’une voiture, d’un téléphone, d’un individu, d’un visage, et même du temps nous dirait Platon. « Le temps est l’image mobile de l’éternité immobile ».
Plus près de nous, la mobilité renvoie à quatre libertés garanties par le marché unique européen : la liberté de circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes. Par extension, les politiques de mobilité concernent la diversification des modes de transport et de déplacement, la mobilité douce ou la mobilité partagée.
En sciences sociales, le terme, utilisé métaphoriquement, a fait des ravages en influençant des années de politiques publiques. La mobilité sociale, facteur d’analyse des inégalités, considère l’évolution des personnes au sein de groupes sociaux de manière objective. Elle suppose une segmentation, une stratification ou une classification sociale. Sans prendre en compte ni le récit ni la personne.
Les choses se corsent un peu plus quand vous discutez avec les experts en relations humaines qui, de la mobilité, ne connaissent que la mobilité… professionnelle. Dans la novlangue des entreprises, la mobilité caractérise doctement les modifications d’exercice de l’activité professionnelle d’une personne. Et si le terme mobilité permettait de ne pas aborder l’essentiel ?
Un terme – politiquement correct – pour désigner quelque chose qui serait le résultat d’une action involontaire et malgré soi, un mot-valise pour ne jamais prononcer les mots qui fâchent : employabilité, autonomie ou émancipation.
Bref, envoyer ailleurs…