Nicolas, Carla, Ziad, Rachida et les autres…

par Valérie Lecasble |  publié le 12/07/2024

Les poursuites judiciaires se multiplient autour de Nicolas Sarkozy. Au tour de sa femme, Carla Bruni, d’être dans le viseur de la justice.

Nicolas Sarkozy et Carla Bruni Photo by Sameer Al-Doumy / AFP

Quelle malédiction poursuit donc Nicolas Sarkozy pour que ses proches se fassent attraper comme des mouches dans un pot de miel, poursuivis par la Justice, mis en examen, condamnés, parfois même emprisonnés ? Lui-même a dû subir plusieurs procès. Dans deux d’entre eux, il a même épuisé tous les recours, appel et pourvoi en cassation compris, qu’il s’agisse de l’affaire Bygmalion où de fausses factures auraient été émises lors de sa campagne présidentielle de 2012, ou de celle dite Bismuth d’écoutes téléphoniques à la suite de l’affaire Liliane Bettencourt. Dans les deux cas, il a été condamné pour corruption et trafic d’influence à une année de prison ferme aménageable en bracelet électronique, qu’il pourrait être contraint d’effectuer dès fin 2024-début 2025, s’il était débouté par la Cour de Cassation.

C’est dans ce contexte que sa femme, Carla Bruni, vient d’être mise en examen, soupçonnée à son tour d’avoir « trompé les magistrats ayant à statuer dans l’information judiciaire relative aux soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle » de 2007. Elle aurait utilisé une ligne téléphonique cachée, baptisée « Alexandre », pour échanger avec la communicante Mimi Marchand, elle- même passée par la case prison et qui orchestrait la fausse rétractation de l’homme d’affaires Ziad Takieddine, afin qu’il revienne sur son témoignage qui accablait Nicolas Sarkozy.

L’étau se resserre

Le parquet national financier a renvoyé devant le tribunal correctionnel l’affaire libyenne, pour laquelle un procès se tiendra en 2025, mais l’étau se resserre sur l’ancien chef de l’État et son entourage, dont les membres partagent les franchissements de ligne jaune et le mépris des règles et des lois. Son ex-directeur de cabinet, Claude Guéant, avait été condamné à deux ans de prison, dont un ferme, pour avoir versé des primes en liquide dans l’exercice de ses fonctions, après une obscure histoire de tableaux qu’il aurait achetés 500 000 euros sans que l’on ne puisse déterminer l’origine des fonds (qui pourraient eux aussi, venir de Lybie). Que dire du couple Balkany, Patrick et Isabelle, amis inséparables depuis cinquante ans de l’ancien chef de l’État, qui ont dû batailler pour obtenir une remise en liberté à la suite de l’incarcération du maire de Levallois.

Quant à Rachida Dati, qui ne manque pas une occasion de se revendiquer de Nicolas Sarkozy, qui l’avait nommée Garde des Sceaux, elle n’a pas obtenu le 2 juillet la prescription qu’elle espérait et reste empêtrée dans sa mise en examen dans l’affaire Renault-Nissan, où elle peine à justifier des 900 000 euros d’honoraires qu’elle a touchés en trois ans sans pouvoir en identifier les contreparties.

Nicolas Sarkozy n’a cessé de dénoncer un complot et l’acharnement contre lui des juges, accusés de le poursuivre au nom de motifs qu’il assure être plus politiques que judiciaires. Avec le recul, on se demande bien dans quel monde il a vécu, selon quelles règles et avec quels passe-droits. Un monde de surpuissance où l’on se croit tout permis.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique