Nicolas Sarkozy:  « Quelle indignité  ! »

par Valérie Lecasble |  publié le 07/10/2023

Et de deux… mises en examen pour l’ex-président de la République. Après l’affaire des écoutes, voici celle du financement libyen de sa campagne de 2007

L'ancien président français Nicolas Sarkozy arrive au palais de justice pour l'audience en appel d'un procès pour corruption au palais de justice de Paris le 15 décembre 2022 - Photo Julien de Rosa / AFP

On a du mal à y croire. Voilà que Nicolas Sarkozy fait de nouveau l’objet d’une nouvelle mise en examen, une double cette fois. L’intitulé de l’accusation est des plus sérieux : « Association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries au jugement en bande organisée, recel de subornation de témoins », pas moins ! Elle met en cause l’homme qui pendant cinq ans a présidé la France, l’ancien leader du premier parti de son pays, devenu auteur de plusieurs best-sellers et conférencier international.

Nicolas Sarkozy a subi trente heures d’interrogatoire par deux magistrats financiers dans le cadre d’une enquête où l’ancien président de la République est soupçonné de possibles manœuvres frauduleuses afin de se disculper des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Et l’affaire a un air de déjà-vu. Une reproduction presque à l’identique des écoutes téléphoniques dans l’affaire dite Bismut. Là aussi, il a été condamné pour avoir cherché des renseignements auprès d’un magistrat de la Cour de cassation sur l’affaire Bettencourt où il était poursuivi. Verdict, trois années de prison dont une ferme, assorties d’un pourvoi en cassation suspensif.

Dans les deux cas, la démarche de Nicolas Sarkozy est la même. Sous le coup de la justice – financement libyen et affaire Bettencourt – il est soupçonné de chercher à recueillir à tout prix les informations et d’user de toutes les pressions pour se disculper. Sauf que cette fois il ne s’agit plus d’un magistrat solitaire, mais de neuf personnes parmi lesquelles le sulfureux homme d’affaires libanais Ziad Takieddine et de la reine des paparazzis surnommée Mimi Marchand.

Auprès de ces deux-là, il aurait sollicité, chacun à leur niveau, leur implication contre argent dans sa tentative de réhabilitation.

Ainsi, Takieddine aurait-il été prié de se rétracter – spectaculaire revirement –  via une interview à BFMTV et une autre à Paris Match, sur les accusations qu’il avait émises à l’encontre de Nicolas Sarkozy. L’objectif ultime étant de discréditer et déclarer faux le document libyen publié par Mediapart évoquant un financement de 50 millions d’euros pour sa campagne présidentielle de 2007. Takkieddine aurait même confessé, dans un premier temps, avoir remis personnellement une valise de billets « libyens » à Nicolas Sarkozy. Mauvais film…

Cette affaire de financement libyen n’en est qu’à ses débuts, le procès est prévu début 2025. Bien évidemment, comme chaque fois , ses avocats de Nicolas Sarkozy clament qu’il est fermement décidé à défendre son honneur. Comme chaque fois, rien ne l’empêchera de se victimiser de nouveau et de crier au complot des juges qui le poursuivent. Comme chaque fois, il continuera à attirer des foules – moins nombreuses il est vrai – aux séances de dédicace de son dernier livre.

Reste, pour le citoyen, un goût amer en découvrant que la France a été dirigée pendant cinq ans par un Président de la République, élu,  qui non seulement a joué avec les lignes du droit, mais continue également à mettre toute son énergie à essayer d’échapper à la justice de son pays.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique