Nicolas Schmit, l’outsider de l’Europe
Pour succéder à Ursula Von der Leyen à la Commission européenne, ce luxembourgeois candidat des socialistes se jette dans la bataille
Il a surgi à la tribune lors du meeting de Raphaël Glucksmann à Strasbourg. Inconnu du grand public, il n’a pour lui que sa bonne réputation et l’intérêt que suscite la dynamique de la campagne sociale-démocrate. Nicolas Schmit, 70 ans, inspire le respect. Doté de convictions sociales fortes, ce Luxembourgeois, commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux, a été choisi par les membres du Parti socialiste européen (PSE) pour être le candidat à la présidence de la Commission européenne en cas de victoire de la gauche sociale-démocrate le 9 juin. Soutenu par le chancelier allemand Olaf Scholz et par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, il est l’opposant principal de Ursula Von der Leyen, la favorite du Parti Populaire européen (PPE), la droite modérée.
Voix chaleureuse, français impeccable, Nicolas Schmit apporte à Strasbourg son soutien au candidat français. « J’ai connu Raphaël dès le premier jour au Parlement européen. Nous sommes devenus amis et complices pour défendre l’Europe, la démocratie et l’honnêteté. Je suis très fier de t’avoir à mes côtés et de me retrouver à tes côtés. Ensemble, nous allons gagner cette élection » lance-t-il, applaudi par les 600 militants présents. Katarina Barley, tête de liste du SPD social-démocrate en Allemagne, est là aussi.
L’engagement à gauche de Nicolas Schmit vient de loin. Membre du Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP) dès dix-sept ans, ex-ministre du Travail, de l’Emploi, et de l’Économie sociale et solidaire de son pays, il a étudié à l’Institut d’Études politiques d’Aix en Provence, puis a décroché, à la faculté de droit et d’économie d’Aix -Marseille, une maîtrise de lettres, un DEA de relations internationales et un doctorat de sciences économiques. Puis, il participe à l’élaboration du Traité de Maastricht et représente le gouvernement luxembourgeois à Bruxelles et lors du Traité de Nice.
Héritier de Jacques Delors, il tend la main aux syndicats pour promouvoir ensemble la réindustrialisation de l’Europe. L’Europe sociale qu’il appelle de ses vœux investira les milliards plutôt que de les distribuer en dividendes ; taxera sans échappatoire ceux qui doublent leur fortune en quelques semaines ; payera des salaires décents et rétablira l’équilibre entre le capital et le travail. Même si ses chances de l’emporter restent minces, et si le groupe social-démocrate au Parlement européen est peu organisé, cela n’empêche pas Nicolas Schmit de porter avec énergie l’espoir de l’outsider.