Notre école jugée par l’Europe

publié le 18/06/2023

Une note du ministère de l’Éducation nationale fait le point sur la situation du pays au regard des objectifs éducatifs définis pour 2030 par l’Union Européenne. Un bon niveau mais encore trop d’inégalités…

Ecole primaire à Aubagne- Photo Stephane Ferrer Yulianti / Hans Lucas.

Une scolarisation plutôt satisfaisante…
pour l’accueil des jeunes enfants, les sorties précoces du système éducatif, le niveau dans les compétences de base, le niveau en littéracie numérique, le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur, la part de la formation par le travail dans le cursus des élèves du lycée professionnel.

Plusieurs objectifs sont conformes à la trajectoire souhaitée par l’UE, et sont déjà atteints, voire dépassés. C’est le cas de l’accueil éducatif des jeunes enfants de trois ans, du taux de sorties précoces (8 % avec un objectif de 9 % pour l’UE), d’une part notable de formation par le travail pour les jeunes de l’enseignement professionnel ou encore de la part des individus âgés de 25 à 34 ans ayant un diplôme d’enseignement supérieur (50 % pour un objectif de l’UE de 45 %).

…mais qui n’arrive toujours pas à combattre son mal profond
Mauvais point pour les compétences.
Que ce soit en effet en compréhension de l’écrit, culture mathématique ou culture scientifique, les élèves de France âgés de 15 ans (enquête PISA 2018) sont encore loin de l’objectif européen 2030. Ce dernier est en effet fixé à moins de 15 % d’entre eux ne disposant pas des compétences minimales alors que la France en est encore à un taux de l’ordre de 21 %. Dans toutes ces enquêtes qualitatives portant sur les compétences acquises, la France apparaît obérée par l’importance de ses inégalités.

Outre un décalage très net de compétences entre filles et garçons (en faveur des filles), l’origine sociale des élèves pèse d’un poids considérable. Ainsi ce sont 35,3 % des élèves issus de familles défavorisées qui ont des compétences insuffisantes, contre 7,1 % pour ceux issus de familles favorisées.

Cet écart est moins grand par exemple en Allemagne. Si l’on considère par ailleurs le dernier objet de test, la littéracie numérique, autrement dit la capacité à se débrouiller avec un ordinateur, le retard actuel est encore élevé par rapport à l’objectif de l’UE en 2030 (moins de 15 % des élèves de quatrième en France devraient avoir un niveau de compétence suffisant). Il était encore (en 2018) de 43,5 % en France, voisin de 30 % en Allemagne, au Portugal et même en Finlande, la bonne élève de l’UE.

Plus généralement l’analyse des résultats obtenus par l’échantillon français fait apparaitre des variances plus importantes, significatives du mal éducatif français. La dernière enquête PISA et l’enquête PIRLS, plus récente, consacrée aux compétences en lecture des élèves de CM1 l’ont fortement souligné : de tous les pays européens comparables, la France est le pays dont l’écart-type en matière de résultats est le plus élevé.

Voilà donc un pays riche, disposant de moyens importants, d’un niveau éducatif général plutôt satisfaisant, mais incapable de s’attaquer à ce mal insidieux qui l’affaiblit et est à la source de tant de problèmes économiques et sociaux : les inégalités éducatives.

Jean-Paul de Gaudemar