Écologie contre agriculture ?

par Bernard Attali |  publié le 17/02/2024

L’agriculture à la croisée des chemins

D.R

« Nous aimons le pain mais ne chérissons guère les céréaliers. Depuis l’enfance, nous adorons les vaches mais condamnons les éleveurs.
En bons Français, nous répétons adorer manger mais accordons de moins en moins d’attention à notre alimentation.
Au pays de Pasteur, nous nous méfions de la Science alors que, grâce à elle, une révolution se prépare »

Chaque livre d’Erik Orsenna est un voyage. Le dernier, écrit avec Julien Denormandie, ne fait pas exception. De la Beauce à l’Ukraine en passant par l’Égypte, on visite avec eux champs fermes et bois pour réfléchir à l’agriculture et à l’alimentation de demain .

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Mais au-delà des paysages parcourus, les deux auteurs nous conduisent à méditer sur les contradictions de notre condition. D’abord à propos de la nature elle-même : tout aujourd’hui nous incite à la respecter davantage, bien sûr. Mais il faudrait être bien naïf pour oublier que la civilisation elle-même repose sur la maîtrise de cette nature .

Seuls quelques rêveurs, souvent en vert, veulent nous la présenter comme intouchable. Par ailleurs, Erik et Julien nous poussent à regarder en face les conflits permanents entre nos ambitions de citoyens et nos besoins de consommateurs, pas toujours alignés.

Enfin, ils nous font toucher du doigt une des contradictions majeures de la vie politique : l’absolue nécessité de réfléchir à long terme, quand tout pousse les dirigeants a réagir d’abord à l’urgence. À ce propos, l’agriculture offre précisément un terrain de réflexion majeur : elle impose de penser à long terme. Ce qui n’est pas aisé en ces temps frénétiques ou l’urgent l’emporte le plus souvent sur l’important.

Le livre : « Nourrir sans dévaster Julien Denormandie, Érik Orsenna . Petit précis de mondialisation – VIII » (Flammarion, 2024)

Bernard Attali

Editorialiste