« Nous sommes tellement nombreux à être tellement seuls »
Par Erik Orsenna
Le désert n’a pas le monopole de la solitude. On peut être seul et seule, seuls et seules dans la foule.
D’autant plus seul et seule qu’une parole est là toute proche, un geste serait possible, un sourire.
La modernité n’a rien arrangé.Elle connecte au loin. Sans rapprocher tout près.
Qu’est-ce que la toile, aujourd’hui ? Sous couvert de réseaux, des solitudes juxtaposées. Des humains hors sol, et sans soleil.
En France, nous sommes de plus en plus nombreux à être seuls.
Parce que plus rien ni personne ne répond à notre espérance.
Notre espérance d’une société plus juste, mais aussi plus active, préférant le chemin du possible au confort de l’invective, la recherche de la solidarité à la culture de la haine. Il y a tant et tant à faire ensemble.
Alors quand vient l’annonce d’un nouveau journal qui porterait cette espérance, c’est comme un jour qui se lève.
D’où la joie de celles et ceux, de plus en plus nombreux, à, déjà, se sentir moins seuls.