Nouveau Front Populaire: sortez-en!
Décidément, il est temps de rompre : à force de s’aligner sur LFI, le Parti socialiste risque maintenant de perdre toute identité et toute dignité.
Jusque-là on pouvait encore espérer… La constitution du Nouveau Front Populaire avait pour objet de limiter le désastre promis à la gauche aux dernières élections législatives. Olivier Faure aime en faire la démonstration quand il souligne que le PS a plus que doublé le nombre de ses députés, à 66, quand LFI en a perdu plusieurs, à 72. Ainsi, on a voulu croire que l’alliance électorale allait permettre de rééquilibrer les forces en faveur des réformistes, au détriment de la gauche radicale. Bernique ! À quoi sert ce quasi-rattrapage dans l’Hémicycle, si le leader de LFI dicte sa loi jour après jour ?
Ainsi du vote de la recevabilité de la motion de destitution brandie par LFI en bureau de l’Assemblée, grâce aux voix socialistes. C’est un reniement : cet été, Olivier Faure s’était prononcé contre, préférant riposter au refus de nommer Lucie Castets Premier ministre par une motion de censure visant la nouvelle équipe.
Rien n’y a fait : cette fois encore, il n’a pas su résister à la pression exercée par Jean-Luc Mélenchon. Les écologistes et le Parti communiste étaient déjà embarqués dans cette galère, il ne manquait à LFI que les trois voix des députés socialistes membres du bureau de l’Assemblée nationale pour obtenir la recevabilité de la procédure. Grâce à la reddition de Faure, il les a. Pourtant, le Premier secrétaire avait l’occasion unique de marquer sa différence. Mais lors d’une réunion homérique de son groupe, 32 membres ont voté pour la recevabilité de la destitution et 28 contre, conformément à la position initiale du PS. Cette proportion est à peu près la même que celle du bureau national qui avait refusé le 3 septembre dernier d’apporter publiquement son soutien à Bernard Cazeneuve. Sa persistance montre à quel point la fracture est devenue profonde au sein du Parti socialiste.
Le surlendemain, 5 septembre, Michel Barnier étant finalement nommé à Matignon, Olivier Faure a été accusé d’avoir facilité la nomination d’un homme de droite. Acculé dans les cordes, il a expliqué qu’Emmanuel Macron, de toutes manières, ne voulait pas de Cazeneuve alors qu’il n’en savait rien quand il a refusé de le soutenir.
Une excuse ? Tenter de préserver coûte que coûte une unité de façade à la gauche et éviter d’endosser la responsabilité de la rupture. Mais à force de plier, le PS laisse les clés du Nouveau Front Populaire à Jean-Luc Mélenchon, tout en faisant craquer de toutes parts l’unité, tant l’exaspération des opposants devient tangible. On le voit chaque jour : François Ruffin attaque violemment son ex-ami Jean-Luc Mélenchon ; Fabien Roussel se rend tout seul à Matignon ; d’un vote à l’autre les instances du Parti socialiste se fracturent dans l’attente d’un Congrès dont personne ne connaît la date tant le Premier secrétaire rechigne à le convoquer.
Quand une alliance devient aussi brinquebalante, la meilleure solution est d’en sortir.