NUPES : Le PS rompt sans rompre tout en rompant
La position d’attente prise par les socialistes ne leur apportera qu’impuissance et déconvenues
Tiède, mitigé, contradictoire, mi-chèvre, mi-chou, mi-figue mi-raisin, oxymorique : les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier la position prise hier mardi par la direction du Parti socialiste à l’égard de la NUPES. Tous sont justes.
Plutôt que de choisir une ligne claire, les socialistes, au grand dam de la moitié du parti, ont décidé de rompre sans rompre, de se séparer en restant ensemble, de se diviser en demeurant unis, etc. D’où le « moratoire » décidé par le PS dans ses relations avec LFI, qui exprime cette rupture camouflée. Les socialistes restent assis en deux chaises, ce qui est le meilleur moyen de se retrouver le séant par terre.
Le résultat est là néanmoins. Comme nous l’écrivions dès la conclusion de l’accord, pour le répéter maintes fois, l’Union de la gauche dominée par LFI n’est pas viable. Cette voix qui clamait dans le désert est désormais celle de toute la gauche : le PCF a le premier acté la rupture, suivi par Génération écologie de Delphine Batho, puis des écologistes dans leur ensemble, enfin celle du PS, contraint de prendre ses distances malgré qu’il en ait.
A ces prises de position successives s’ajoute celle de LFI : Mélenchon dans un tweet cinglant reproche à Olivier Faure d’avoir coupé les ponts : « Olivier Faure rompt la Nupes pour fait personnel à mon sujet à propos d’Israël/Palestine. J’ai dit ma vision dans deux conférences et trois tweets. Chacun jugera. »
On jugera, en effet. Au même moment, Danielle Obono, députée LFI qui avait déjà rédigé le premier communiqué des Insoumis sur l’attaque du Hamas, affirme devant Jean-Jacques Bourdin, sur Sud-Radio, que ledit Hamas est pour elle « un mouvement de résistance » à l’occupation israélienne, « qui a pour objectif la libération de la Palestine ».
Les mots ayant un sens, la « libération de la Palestine », pour le Hamas, implique ni plus ni moins la disparition de l’État d’Israël (et non un compromis territorial entre Palestiniens et Israéliens), position antagonique de celle de toute la gauche française, qui reconnaît le droit des Israéliens à un État sûr. A ce jour, Danielle Obono n’a pas été démentie par Jean-Luc Mélenchon.
En refusant une rupture nette, qui obligerait tout le monde à trouver les voies d’une nouvelle Union de la Gauche, le PS bloque la situation et restera par définition largement inaudible. Erreur stratégique : pour rendre à la gauche ses chances de victoire, les socialistes doivent d’abord démontrer qu’ils ont une identité (renouvelée), une voix (originale), des positions (claires) et un projet (neuf).
Or, plutôt que de se lancer dans ce travail décisif, ils continuent à danser d’un pied sur l’autre, laissant les commentateurs disserter, non sur leurs propositions ou leur stratégie, mais sur les chances étiques de voir la NUPES survivre, sur leurs relations sadomasochistes avec LFI, sur un improbable rabibochage avec Mélenchon, bref, sur tout, sauf sur le nécessaire renouveau du socialisme en France.
Comme dans les couples qui ne s’entendent plus, les divorces interminables bouchent l’avenir et n’apportent que perte de temps et amertume.