Olivier Faure se prend pour Hamlet…
Chaque dimanche, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond? L’essentiel
Lundi
Sur la boucle what’s app du journal, débat autour de l’assassinat de Dominique Bernard, l’héroïque professeur d’Arras. Nihilisme d’une jeunesse désespérée ? Effet de l’exclusion et de la misère ? Révolte sociale captée par l’islamisme ? Je n’y crois pas : c’est la haine de la République qui est à l’œuvre. Confirmation de l’intéressé, Mohammed Mogouchkov, islamiste accueilli en France : « Oh Français, peuple de lâcheté et de mécréants. J’étais dans vos écoles des années et des années, j’ai vécu des années et des années parmi vous, gratuitement. (…) Vous m’avez appris ce qu’est la démocratie et les droits de l’homme, et vous m’avez poussé vers l’enfer. » L’assassin ne reproche pas à la République de l’avoir abandonné, mais d’avoir voulu l’intégrer. Comme tous les islamistes, ce qui le révulse, c’est le bon côté de la France.
Mardi
Olivier Faure se prend pour Hamlet : « être ou ne pas être » un parti politique adulte. On l’imagine le soir au clair de lune, contemplant le crâne ivoirin de François Mitterrand. En attendant, au lieu de se rénover et de parler haut, le PS – que j’aimerais voir renaître – continue le soporifique feuilleton de la NUPES, dont personne ne veut plus à gauche.
Mercredi
Le Hamas annonce qu’un hôpital de Gaza a été bombardé par Israël. Sans aucune vérification, le monde entier s’émeut, les foules arabes descendent dans la rue, les Occidentaux fustigent le crime de guerre. Puis les éléments matériels apparaissent. Je les lis avec attention, en journaliste: ce qui était un crime israélien est probablement une bévue palestinienne meurtrière. Classique du journalisme : le crime occupait la « une », le démenti est en page intérieure. La semaine prochaine, nul doute que la crise à Gaza balaiera tout.
Jeudi
Reportage du Figaro – bon journal mal orienté – dans la communauté musulmane d’Arras, la ville où a été tué le professeur Bernard : horreur devant le crime, condamnation énergique, peur d’être assimilé au terrorisme. Mais pour les éditorialistes du même Figaro, le problème, c’est l’immigration. N’est-ce pas plutôt l’islamisme ? Sinon comment expliquer que ces responsables musulmans d’Arras, en général issus de l’immigration, se rangent du côté de la République ? Et pourquoi les dénoncer tous, quand la majorité d’entre eux sont des alliés ? Avez-vous remarqué que la pensée xénophobe rétrécit le cerveau ?
Vendredi
Admirable mauvaise foi du Monde. Après avoir soutenu la NUPES perinde ac cadaver, le quotidien, acculé par le réel, a dû admettre son erreur. Douleur insupportable. Alors, voyant l’alliance jetée bas par toute la gauche, Mélenchon compris, il se raccroche à un soudain espoir : il n’y a rien à mettre à la place. Qu’en sait-il ? Rien, bien sûr, pas plus que moi en tout cas. L’événement venant de se produire, les protagonistes doivent prendre le temps de se retourner. Le Monde leur prédit l’échec. C’est plutôt bon signe.
Samedi
Marine Tondelier a certainement des défauts, mais elle a une grande qualité : elle parle net. Interrogée sur France Info, elle dit ceci : « Après la semaine que nous venons de passer, qui pense que Jean-Luc Mélenchon peut être président de la République ? Personne ! » Et d’ajouter : « Désolée, je suis déjà dans une ville Front national, je ne veux pas d’un pays Front national. Et je pense que Jean-Luc Mélenchon ne gagnera pas face à l’extrême-droite au deuxième tour ». Comme j’ai écrit maintes fois des choses comparables depuis un an, je trouve qu’elle parle très bien… même si elle se réveille un peu tard.