Olivier Veran fait peau neuve

par Professeur Frédéric Adnet |  publié le 22/03/2024

Lâché par son président, l’ex-ministre de la Santé choisit la médecine esthétique : où est le scandale ?

Olivier Veran a choisi de se former à la médecine esthétique, spécialité aux antipodes de la médecine que j’exerce ou de la neurologie et spécialité bien souvent très rémunératrice… Bon, où est le problème ?

Olivier Veran a été ministre de la Santé pendant la pire crise sanitaire que la France ait connue. Il a mené une politique de santé fondée sur les preuves, des avis d’un comité scientifique de haut niveau et sur l’état de l’Art médical au moment de ses principales décisions.

Il a été aux avant-postes pour lutter contre la désinformation galopante allant mener bataille jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, où il a pu affronter avec un certain courage, les élucubrations de quelques députes complotistes… Même si l’on peut critiquer un certain manque d’anticipation, il a mené une politique sanitaire courageuse sans tomber dans des travers populistes que d’autres pays ont pu connaître. Bref, il a fait le job.

Il n’est plus ministre, il finit son mandat de député. Fait nouveau, la jeunesse de notre classe politique fait qu’il doit retrouver une nouvelle activité signant son retrait de la vie politique. Il a choisi la médecine esthétique. La neurologie hospitalière, sa spécialité d’origine lui semblait trop éloignée de ses compétences. Il est vrai que cette spécialité « lourde » est en constante évolution pour ne pas dire révolution, et il parait effectivement difficile de se remettre à niveau rapidement, tandis que la médecine esthétique… C’est son choix.

La république aurait pu lui assurer un poste de responsabilité dans l’administration sanitaire où son expérience et ses compétences auraient pu être mises à profit. On a l’impression d’un certain « lâchage » de ses anciens mentors politiques. Personne ne s’étonne que des anciens hauts dignitaires de l’État pantouflent dans des conseils d’administration d’entreprises privées et même étrangères ou que certains anciens présidents se fassent rémunérer grassement pour des conférences bidon aux quatre coins du monde… Pour ces derniers cas, on peut se poser des questions sur d’éventuels conflits d’intérêts. Ce n’est pas le cas du docteur Olivier Veran.

Oui, la médecine esthétique ne résoudra pas la problématique des déserts médicaux ou encore la pénurie de spécialistes dans certaines régions, mais on ne peut pas non plus méconnaitre la résistance de notre profession a imposer des lieux d’exercice pour les jeunes médecins en fonction des besoins de santé.

C’est finalement le choix d’un homme qui prépare, sans doute, son retrait de la vie politique, le besoin d’exemplarité rejoint dans ce cas celui d’un simple citoyen. Et ce citoyen n’a pas démérité, loin de là. Bon vent !

Frédéric Adnet

Professeur Frédéric Adnet

Chroniqueur médical