On achève bien les journalistes
Depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023, les journalistes palestiniens de Gaza sont des cibles privilégiées des frappes israéliennes, au mépris de la protection que leur confère leur statut.

« Pendant une guerre, la vérité est la première des victimes », dit l’adage. Sauf quand les journalistes réussissent à la transmettre au monde. Combien sont-ils à avoir perdu la vie dans des bombardements depuis le début de l’offensive israélienne ? Forbidden Stories, plateforme d’entraide de plusieurs médias internationaux, cite le Comité de Protection des journalistes, qui décompte près de 170 journalistes tués par l’armée israélienne. En majorité, ils ont succombé alors qu’ils se trouvaient parmi les quelque 40 000 civils tués ; au moins 46 ont perdu la vie dans l’exercice de leur fonction. Certains sont frappés directement, comme le journaliste Fadi Al-Wahidi, frappé par une balle de sniper au cou. Le gilet « presse » est devenu une cible.
Pour tuer l’information, il suffit parfois de tuer le messager. Israël contrôle l’accès des Gazaouis à l’eau, l’électricité, le réseau mobile et internet, ainsi que les entrées et les sorties du territoire. Aucun journaliste international n’a pu entrer à Gaza sans être encadré par des militaires de Tsahal. Le Directeur de RSF Thibaut Bruttin estime que le « risque d’imposer un black-out complet sur l’enclave verrouillée » n’est pas loin. L’âge des victimes fait frémir : Hossam Shabat, dont le meurtre causé par une frappe de drone a été condamné par la Direction générale de l’UNESCO Audrey Azoulay, n’avait que 23 ans. Israël estimait qu’il était un sniper du Hamas.
Le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres s’est dit « profondément troublé par le nombre de journalistes tués dans ce conflit » dès février 2024. En août, le Haut-Commissariat des nations Unies aux Droits de l’Hommes a condamné le meurtre de deux journalistes d’Al Jazeera. La justice internationale, lente mais dont le bras semble ne pas trembler sur la question de la responsabilité des crimes de guerre dans la zone, s’est emparée du sujet via quatre plaintes déposées par RSF à la Cour pénale internationale. Ces faits constituent des crimes de guerre, poussant le procureur Karim Khan à les inclure dans son enquête sur la Palestine. Ajoutons que 51 journalistes sont aujourd’hui dans les prisons israéliennes, où des actes de tortures constatées par l’ONU adviennent régulièrement[1] .
[1] https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2024/08/israels-escalating-use-torture-against-palestinians-custody-preventable