Onfray-Le Pen : l’émouvante solidarité

par Laurent Joffrin |  publié le 06/06/2023

Marine Le Pen a déclaré qu’elle n’était plus d’extrême-droite. Depuis, le chœur de ses partisans s’époumone pour porter la nouvelle. En tête : Michel Onfray

portrait de Laurent JOFFRIN le 23 juillet 2020

Il y a quelque chose de touchant à voir comment toute une ribambelle de bons samaritains se précipite au secours de Marine Le Pen plongée dans le malheur. Qu’arrive-t-il à cette Cosette du paysage politique ? Ceci : d’innommables calomniateurs, animés d’une inhumaine vindicte, ont eu la cruelle idée de qualifier le Rassemblement national de parti d’extrême-droite. Horreur ! Comment peut-on user de procédés aussi bas, aussi injustes, aussi répugnants ?

Dernier en date de ces Saint-Bernard héroïques, décidés à faire justice de cette terrible diffamation : Michel Onfray, polyphilosophe polygraphe, polymorphe et polyvalent, interrogé sur Europe 1 par une Sonia Mabrouk plus onfrayiste qu’Onfray.

Base du raisonnement ? La sentence définitive prononcée sur ce point… par Marine Le Pen elle-même et reprise en boucle depuis quelques jours par ses thuriféraires. L’extrême-droite, a-t-elle dit, c’est une force violente qui souhaite mettre en place une dictature, à l’instar des nazis ou des fascistes italiens. Ce n’est pas le cas du RN : donc il n’est pas d’extrême-droite et tout le reste est vile propagande.

Les esprits naïfs remarqueront qu’à ce compte-là, ni Viktor Orban, ni Georg Haider, ni le PIS polonais, ni Donald Trump, ni Jaïr Bolsonaro, ni le parti Vox en Espagne, ni l’Afd en Allemagne, ni Jean-Marie Le Pen, qui ne font pas défiler leurs partisans en chemise brune, n’ont à voir avec l’extrême-droite. Sans doute sont-ce de bonasses démocrates-chrétiens ou de paisibles conservateurs. En somme, depuis la mort de Hitler et de Mussolini, il n’y a plus d’extrême-droite en Europe. Philosophe nietzschéen, Onfray fait de la science politique à coups de marteau.

Les mêmes observateurs candides se demanderont aussi comment qualifier le programme du RN quand il prévoit d’un seul mouvement l’interdiction du regroupement familial, la suppression du droit du sol, l’expulsion de tous les demandeurs d’asile, priés de présenter leur demande dans un pays lointain et exotique, leur exclusion des aides sociales et leur mise à l’écart du marché du logement au profit des nationaux, quel que soit leur statut et l’antériorité de leur arrivée en France, le tout couronné par le retrait de la France des conventions internationales protégeant les droits humains. Broutilles, sans doute…

La vérité, c’est qu’il n’y a pas, parmi les formations politiques françaises, parti plus à droite que le RN (Zemmour peut-être…), que son programme de fermeture des frontières tourne le dos aux traditions républicaines et à l’Europe démocratique, et que si Onfray refuse de le classer à l’extrême-droite, c’est qu’il n’a pas lu son programme ou bien qu’il est prêt à le signer des deux mains.

Laurent Joffrin