Only the UK can save EU ?
Face au front des dictatures, les dirigeants de l’UE doivent impulser un rapprochement avec le complexe industrialo-militaire de Grande-Bretagne. Entente cordiale, mais surtout impérative.
D’aucuns parleraient de provocation. Il n’en est rien. Longtemps nos meilleurs ennemis, il faut tout de même reconnaître aux britanniques une clairvoyance sans faille lorsque le précipice se rapproche. Remis de la folie souverainiste les conduisant à l’abîme du Brexit, aussi amer économiquement que socialement, le Royaume-Uni varie peu lorsqu’il s’agit d’affronter lucidement les périls extérieurs.
Sans accent Churchillien, Boris Johnson aussi fantasque et désopilant était-il, a précocement apporté son aide à l’Ukraine, sans frilosité et à une mesure autrement plus significative rapportée au budget du Royaume. Dans le même temps, les services de sa Majesté indiquaient bien avant ceux du continent les intentions de la clique du Kremlin, essuyant moqueries des plateaux spécialisés au nom d’une rationalité géopolitique finalement caduque. Dans ce domaine, les britanniques s’inscrivent dans une tradition illustre qu’il n’est pas besoin de rappeler.
Parallèlement et malgré les appels à agir promptement, l’actuelle direction franco-allemande s’est montrée incapable de se hisser à la hauteur des périls. Le chancelier Scholz est désormais suspendu à un fil, à la tête d’une coalition formelle. A la différence d’Angela Merkel, et malgré son appartenance à la social-démocratie européenne, il est passé à côté de la question industrielle et militaire pensant s’en tirer en solo. Il perd désormais sur les deux tableaux tandis qu’un autre chancelier du Spd, Gerard Schroeder est passé avec armes et bagages dans le camp de l’ennemi, celui de Poutine, à l’instar d’un Fillon en France.
Emmanuel Macron, décrédibilisé sur le plan intérieur, après des initiatives malheureuses et des comptes plombés, aurait tout intérêt à forcer l’allure sur la scène européenne, par le biais d’Ursula Von Der Leyen, à condition qu’il lui reste quelques marges de manœuvre et d’initiatives. L’Europe de la défense, ardemment défendue par Raphaël Glucksmann durant les dernières européennes n’était pas un slogan d’estrade, mais la perception établie de l’imminence d’un danger, contenu dans son livre La grande Confrontation paru à l’été 2023.
Les récents développements en Moldavie, les provocations grossières en Géorgie, les incessantes cyberattaques, les vingt pourcents du territoire ukrainien déjà avalés par l’ogre russe en sont une preuve supplémentaire, s’il en fallait.
Notre UE se trouve à nue, fragilisée par une démocratie américaine en proie aux pires démons. Il était écrit que nous ne devions pas remettre notre destin et l’avenir de nos sociétés démocratiques dans les mains d’un électeur d’un swing state. Nous y sommes désormais, minés par une double cinquième colonne populiste animée par un pacifisme bêlant, renforcée à Strasbourg comme dans les Etats membres et un moteur franco-allemand aussi faible qu’inédit.
Dans cette configuration, si les conditions ne sont manifestement pas réunies pour un retour au bercail malgré l’actuel gouvernement travailliste d’outre-manche, un rapprochement militaro-industriel avancé avec Londres, devient une urgence, dans ce que l’on n’ose appeler une « grande alliance », pour éviter la métaphore d’avec la dernière guerre mondiale.