Pari raté ou réussi ?

par Malik Henni |  publié le 10/07/2024

Comment le monde juge-i-il le pari de Macron à l’aune du résultat des élections législatives ?

L'article du New Yorker

Le quotidien conservateur allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung met en lumière l’échec du Rassemblement national, en se penchant sur sa principale figure, Jordan Bardella. Pour le journal, « l’héritier de Le Pen doit s’expliquer » pour avoir échoué à une élection où la victoire de son parti semblait attendue. Le droitier Der Spiegel est sur le même terrain et cite Marine le Pen : « La victoire n’est que retardée ».

Le journal de référence Die Zeit ainterviewé Joseph de Weck, le biographe allemand d’Emmanuel Macron. Aurait-il réussi son pari de « respiration démocratique » ? Alors que son parti a perdu le scrutin, le président doit accepter le nom que les partis au Parlement proposeront comme Premier ministre : « Il a perdu le contrôle des évènements à Paris. Et c’est ce que les Français voulaient – lui enlever son pouvoir. Mais ils ne sont pas mis d’accord sur qui envoyer à la place. » Mais le caractère d’Emmanuel Macron le rend peu susceptible d’accepter de bonne grâce de devenir un président à l’italienne ou à l’allemande, même si « Franck-Walter Steinmeier (le président allemand) peut lui donner des conseils ».

Le New Yorker pense que le pari de Macron n’est pas tout à fait un échec : « Pour la première fois depuis longtemps, l’extrême droite a paru démoralisée et faible ».  Le journal, connu pour ses pages culturels et parlant avant tout aux élites urbaines de la côte Est, est convaincu que Raphaël Glucksmann a un rôle à jouer dans le futur de la gauche car il incarne l’idée de son philosophe de père : « On ne sait jamais ce que l’idée de « bon » est, mais on sait ce qu’est « le mal » et c’est suffisant ».

Le mensuel social-libéral berlinois Der Freitag se demande si l’exploit du Nouveau Front Populaire peut se reproduire outre-Rhin, où la gauche demeure très divisée et où les recompositions que cela demanderait au sein du SPD, Die Linke et le parti de Wagenknecht « semblent à présent hors de portée ».

L’italien la Repubblica s’interroge sur ce que Macron va faire : sans doute la « stratégie de l’omelette », c’est-à-dire un gouvernement « sans les extrêmes LFI et RN ». Le Corriere della Sera ainterviewé le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, pour qui « le maintien de Gabriel Attal est un problème démocratique » et pour qui le programme du NFP doit être appliqué.

Malik Henni