Pascal Praud au gouvernement…

par Laurent Joffrin |  publié le 13/11/2024

Si on les transpose en France, les premières nominations effectuées par Donald Trump donnent une idée du style de gouvernement qu’il compte imprimer à la Maison-Blanche

Pascal Praud réagit à la victoire de Donald Trump. (Capture d'écran CNEWS)

Décidé à constituer un gouvernement conforme à ses thèmes de campagne, le président de la République vient de nommer Pascal Praud au ministère de la Défense, Vincent Bolloré chargé de l’Efficacité gouvernementale, Éric Zemmour à l’Immigration, l’ancien député Meyer Habib ambassadeur en Israël, Élisabeth Lévy ambassadrice à l’ONU, et il envisage fortement de désigner Francis Lalanne au ministère de la Santé.

Telles sont, si on les transpose sommairement en France, les premières nominations arrêtées par Donald Trump pour composer son équipe gouvernementale. On exagère à peine : le président américain vient de nommer à la Défense Steve Hegseth, présentateur de Fox News, sans aucune compétence en matière stratégique ou militaire, Elon Musk à l’Efficacité gouvernementale, surtout décidé à démanteler l’État fédéral, Tom Homan à l’Immigration, surtout connu pour sa volonté de faire expulser des millions d’immigrés, Elise Stefanik comme ambassadrice à l’ONU, sénatrice célèbre pour sa virulence anti woke et ses philippiques contre « la bien-pensance ». . 

Il a encore désigné Mike Hukabee comme ambassadeur en Israël, lequel estime que le peuple palestinien n’existe pas et qu’Israël a un droit immémorial à annexer « la Judée et la Samarie » c’est-à-dire la Cisjordanie. Il a enfin placé au ministère de la Santé Robert Kennedy Junior, étrange héritier de la grande famille progressiste, antivax bruyant, qui a mené, à l’instar du chanteur Francis Lalanne, une énergique campagne pour montrer que le vaccin anti-Covid avait tué plus de personnes que la maladie elle-même. 

Voilà l’esprit, sinon la lettre, dans lequel Donald Trump compte désormais diriger la plus grande puissance mondiale. C’est l’un des problèmes posés par les populistes : ayant dit n’importe quoi pendant leur campagne, et soucieux de tenir leurs promesses, ils font n’importe quoi une fois au pouvoir. Pas tous : Viktor Orban ou Giorgia Meloni, par exemple, sont plus rationnels, plus pragmatiques, quoique gouvernant dans la même direction. Mais on se souvient des embardées surréalistes de Jair Bolsonaro au Brésil, de Boris Johnson en Grande-Bretagne, ou de Javier Milei en Argentine. Trump, on le sait depuis longtemps, appartient à la seconde école. 

Ces remarques satiriques, mais néanmoins pertinentes, font mesurer l’ampleur de la rupture programmée par le leader du mouvement MAGA : une politique intérieure qui fera des États-Unis un pays fermé, xénophobe et ultra-conservateur consacrant le pouvoir des milliardaires les plus réactionnaires ou foldingues ; une politique étrangère, hostile à l’Europe et qui rejettera toute espèce de multilatéralisme et favorisera partout les leaders les plus à droite, en Russie, en Israël ou ailleurs. Raison de plus pour entamer une réflexion lucide et réaliste pour empêcher que les mêmes phénomènes ne se reproduisent en France. 

Laurent Joffrin