Patrick Vignal : un macronien contre Macron
Opposé à la réforme des retraites, interlocuteur impertinent du président, ce député de Renaissance annonce-t-il la dislocation future de la majorité ?
Judoka, socialiste, macroniste et grande gueule : tel est Patrick Vignal, qui s’est distingué par ses interventions dissidentes contre la réforme des retraites. Ce jeudi 20 avril, il gagne sa minute de gloire. Accueillant et tutoyant le président en visite sur ses terres de l’Hérault, il lui lance, sous l’œil des caméras : “Tu dois muscler ta ministre et tes parlementaires ». Succès garanti…
Vignal était un socialiste de la première heure, engagé depuis la fin des années 80. Il a occupé un mandat d’adjoint au maire de Montpellier au début des années 2000. En 2012, à la faveur de la victoire de François Hollande, il est élu pour la première fois député de la 9e circonscription de l’Hérault. Durant son mandat, il ne brille guère. C’est sa rupture avec le PS, au cours de la campagne présidentielle qui le fait sortir de l’anonymat.
Début 2017, il annonce qu’il soutiendra la candidature d’Emmanuel Macron. Un risque limité : à l’époque, le futur président perce déjà dans les sondages, face à François Fillon en chute inexorable, plombé par son programme et ses affaires d’emploi fictif. Opportunisme ? Vignal s’en défend. Il a pris, dit-il, « le risque de se faire jeter du parti » et déclare qu’en soutenant Emmanuel Macron plutôt que Benoît Hamon, il « préfère donner un boulot aux jeunes au pied des immeubles que le revenu minimum ». Un certain sens de la formule…
En 2023, la réforme des retraites lui a ouvert une nouvelle fois la porte des studios. Hostile sur la forme plus que sur le fond, il fait partie des rares parlementaires à afficher une franche opposition. « Si ça n’évolue pas, menace-t-il, je ne voterai pas cette loi ». L’utilisation de l’article 49.3, ajoute-t-il, traduit un « manque de respect envers la République », et toute la séquence, conclut-il, donne « une piètre image de la politique ».
Dans une majorité supposée faire bloc et à laquelle on a reproché d’être trop monolithique, Vignal tranche par sa voix singulière. Il agace « probablement ceux qui veulent surjouer les bons élèves », remarque un collaborateur parlementaire. Pour les autres, il dit un peu plus fort ce que beaucoup pensent tout bas. Hypothèse : les petites phrases de Vignal préfigurent déjà l’ambiance de la fin du quinquennat. À savoir un moment où chacun devra choisir son camp dans la bataille de succession du président. Vignal ? Un pionnier de la fin du règne.