Pays-Bas : les raisons d’une défaite
Le leader d’extrême-droite Geert Wilders a remporté les élections législatives néerlandaises. On dissertera longuement sur les raisons de cet échec démocratique et on oubliera, une nouvelle fois, de parler des remèdes.
La marée continue de monter. Certes, c’est une vague inégale : elle avait reflué en Espagne, puis en Pologne. Mais après la Hongrie, l’Italie, la Suède et la Finlande, elle vient d’inonder le pays des polders. Argenté par sa coiffure, mais brun par son programme, Geert Wilders, nationaliste batave, arrive en tête des élections législatives aux Pays-Bas. Contraint de s’allier pour espérer gouverner, il aura du mal à constituer une majorité au Parlement. Mais il a remporté une victoire aussi nette qu’inattendue, salué bruyamment par tous ses homologues de l’extrême-droite européenne.
Combien faudra-t-il de défaites de ce genre pour que les démocrates, et notamment la gauche, élaborent une réponse crédible à ce fléau qui menace l’Europe ? Comme ses amis des autres pays, Geert Wilders a fait campagne sur un triptyque désormais classique : rejet de la classe politique traditionnelle, sentiment d’abandon parmi les classes populaires, angoisse face à l’immigration et à l’islamisme conquérant. Or sur ces trois points, en France en tout cas, les réponses sont confuses, rhétoriques ou carrément aveugles. On parle de réformer la démocratie mais on ne le fait pas, on échoue à améliorer le sort des plus défavorisés, on répugne à proposer une politique d’intégration et d’immigration globale et cohérente.
C’est sur le troisième point que le discours de la gauche est le plus nébuleux, même si la droite n’est pas beaucoup plus habile en reprenant platement les propositions du RN. On dénonce fiévreusement la menace de l’extrême-droite, mais on lui laisse de facto le monopole du discours sur le sujet, avec tous les débordements xénophobes qu’on connaît. Les uns s’en tiennent à des généralités, les autres nient carrément qu’il y ait un problème, laissant entendre qu’il est urgent de ne rien faire.
Or il est possible de plaider auprès de l’opinion pour l’accueil, à la fois juste et nécessaire, si l’on démontre, simultanément, qu’on est capable de maîtriser un phénomène que l’opinion, aux deux tiers, juge incontrôlé. Il est possible de promouvoir un plan énergique d’intégration pour les minorités, à condition d’y mettre les moyens, et de réguler fermement les entrées en appliquant tout bonnement la loi, qui prévoit de distinguer ceux qui ont droit au séjour et ceux qui n’en remplissent pas les critères et sont donc invités à quitter le territoire.
La chose n’est pas simple à organiser et il y a des coups à prendre ? Certes. Raison de plus pour en débattre sans ambages et engager au plus vite le travail programmatique.