Philippe de Villiers : le Puy du Faf

par Laurent Joffrin |  publié le 23/07/2023

Le tweet indigne du fondateur du Puy-du-Fou adressé à Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Éducation, remplit une fonction politique très précise

On connaissait les opinions ultra-conservatrices de Philippe de Villiers, fondateur du spectacle historique du Puy-du Fou, catholique d’obédience vendéenne, souverainiste agressif et adepte de bons mots réactionnaires. Son passéisme revendiqué le rattache désormais à une période d’exécrable mémoire, les années trente, quand on s’inquiétait de voir « le juif Blum » gouverner la France et qu’on en faisait un homme à fusiller, « oui, mais dans le dos ».

Il a suffi d’un tweet pour ancrer définitivement le fondateur du Puy-du-Fou dans cette époque de haine et d’invective. À la nomination de Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Éducation après avoir pris en charge les Comptes publics, il a répondu par un tweet où l’insinuation honteuse le dispute à l’infamie.

« La nomination de Gabriel Attal pour remplacer Pap Ndiaye, a écrit de Villiers, est la catastrophe de l’été : c’est le passage du woke au LGBT. Attal est un militant, un membre éminent du groupe Bilderberg partisan de la rééducation nationale. Macron a rendu son devoir de vacances : changer de société ».

Tout y est en trois phrases : l’attaque sur la vie privée du nouveau ministre, qui s’est lui-même déclaré homosexuel, la mention du « groupe de Bilderberg », que tous les complotistes de la terre présentent comme une sorte de gouvernement mondial alors qu’il organise en fait des colloques plus ou moins huppés, et enfin l’insinuation perverse : Attal est d’ascendance juive par son père.

Il est donc logique, pour Philippe de Villiers, qu’il fasse partie d’un cénacle cosmopolite aux pouvoirs mystérieux, voué à la destruction des traditions ancestrales par le contrôle des esprits. Trublion zemmouriste, l’homme du Puy-du-Fou devient une sorte de Rebatet sans style, de Brasillach sans talent.

Il remplit surtout un rôle politique indirect mais redoutable. Sa sortie a été condamnée fermement par les responsables du Rassemblement national, qui ont fustigée sans ambages cette attaque indigne. Tel est désormais la fonction des zemmouristes : à force d’outrances, faire passer le RN pour un parti républicain et modéré, ce qui favorise avec zèle sa montée vers le pouvoir.

Laurent Joffrin