Pierre Brochand versus LeJournal.info

par Laurent Joffrin |  publié le 18/07/2023

Pierre Brochand, l’escroc intellectuel du Fig-Mag

L’entretien a fait grand bruit dans les cercles conservateurs. Ancien diplomate, ancien patron de la DGSE, Pierre Brochand donne à chaud un diagnostic péremptoire sur les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel M.

© Corentin Fohlen/ Divergence. Paris, , France. 31 mars 2023. Portrait de Pierre Brochand, ancien directeur general de la Securite exterieure (DGSE) de 2002 a 2008

Plutôt que le silence ou l’indignation morale, nous avons choisi d’examiner sérieusement ce discours, présenté par les commentateurs réactionnaires comme le modèle du genre. C’est ainsi que Lejournal.info publie une réfutation précise, systématique, des propos de ce Pierre Brochand, intronisé penseur en chef de la doxa conservatrice.

Nous avons ainsi reproduit son long texte dans sa quasi-totalité (en italique), en insérant à chaque fois (en texte normal) les réponses que nous lui faisons.

Voici d’abord le titre choisi par le Fig-Mag, l’introduction d’Eugénie Bastié, puis l’entretien lui-même, avec les réponses intercalées au fur et à mesure. Le texte d’origine est très long. Nous avons donc préféré le publier en cinq parties pendant toute une semaine.

1/ Tout immigré est suspect

Titre du Figaro-Magazine :

Pierre Brochand (ex-DGSE) : « Si nous en sommes là, c’est à cause d’une immigration de peuplement massive »

 Par Eugénie Bastié

« Après les émeutes, « le pronostic vital du pays est engagé », affirme l’ancien directeur général de la DGSE au Figaro Magazine.

Introduction du Fig-Mag :

Pierre Brochand a été directeur général de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) de 2002 à 2008, ainsi qu’ambassadeur de France, notamment en Hongrie et en Israël. Sa parole est extrêmement rare dans les médias. En exclusivité pour Le Figaro Magazine, il livre son regard sur les émeutes, un moment charnière de notre histoire.

Selon lui, nous vivons la révolte contre l’État national français d’une partie significative de la jeunesse d’origine extra-européenne présente sur son territoire. Cette explosion est le résultat de décennies d’aveuglement et de propagande envers une immigration de peuplement dont on n’a jamais mesuré les conséquences. Il analyse le cocktail fatal que devait constituer la rencontre entre une société des individus fondée sur l’ouverture et la démocratie et l’arrivée de diasporas entières au bagage culturel totalement différent. Est-il trop tard ?

Auteur d’une intervention remarquée à l’Amicale gaulliste du Sénat, l’ancien directeur de la DGSE – qui est intervenu lors d’un colloque de la Fondation Res Publica sur le thème : « Pour une véritable politique de l’immigration » – invite à ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé et livre ses pistes pour sortir de cette crise inédite dans l’histoire de la France. »

Réponse lejournal.info

Voilà une introduction qui ne brille pas par sa distance critique, mais enfin, c’est le Fig-Mag…

Ce Brochand est présenté comme un expert indépendant, fort de sa longue expérience, dont le lecteur déduit qu’elle l’a conduit aux conclusions qu’il livre sur un ton supérieur. Problème : le Fig-Mag se garde bien de préciser que Brochand conseille Éric Zemmour. Autrement dit, cet ancien diplomate qui se pose en expert de l’immigration placé au-dessus de la mêlée, est aussi un proche de d’extrême-droite, même s’il ne figure dans aucun organigramme.

Ce qui n’empêche pas d’examiner ses thèses, point par point.

LE FIGARO MAGAZINE. – « Dans votre intervention au Sénat en novembre 2022, vous évoquiez plusieurs scénarios provoqués par l’immigration incontrôlée qui sévit dans notre pays depuis des années : interdiction, absorption, négociation, séparation, affrontement. Les émeutes qui se sont produites pendant cinq jours montrent-elles selon vous que c’est le scénario de l’affrontement qui domine ?

Pierre BROCHAND. – Au vu de ce qui s’est passé ces jours derniers, j’aurais du mal à vous contredire. Je voudrais aussi indiquer d’entrée de jeu que je n’ai pas l’habitude de commenter l’actualité à chaud, source d’erreurs ou d’à-peu-près. Mais quand les circonstances imposent à l’esprit un événement charnière de cette envergure, il est difficile de résister à la tentation. »

Brochand ne commente pas l’actualité à chaud (il est très au-dessus de ces trivialités) mais il se fait violence. Héroïque sacrifice. Seule réserve : cet exercice, dit-il, est « source d’erreur et d’à-peu-près ». Effectivement…

P.B – « Pour en revenir à « l’affrontement », il survient inéluctablement lorsque tout le reste est abandonné, inopérant, dépassé. Car, vous l’avez rappelé, quand un groupe humain cherche à s’installer chez un autre, il n’y a que cinq possibilités. Reprenons-les brièvement, afin de remonter la chaîne des causes qui conduit à nos malheurs d’aujourd’hui. »

Phrase typique du personnage, pétri de certitudes : l’affirmation tient lieu de démonstration. Ainsi de l’expression « quand un groupe humain cherche à s’installer chez un autre ». Elle donne le sentiment que les immigrés forment un bloc homogène, conscient de lui-même et animé d’une volonté préalable et collective de « s’installer chez les autres », tels les Goths ou les Wisigoths pénétrant en troupes hostiles dans l’empire romain. Vision paranoïaque propre à plaire aux lecteurs du Fig-Mag mais qui ne correspond à aucune réalité historique.

P.B « L’interdiction », à savoir la fermeture des frontières au nom du principe de précaution (la voie polonaise), n’a jamais été sérieusement envisagée chez nous, les frères jumeaux de l’humanisme et de l’économisme se donnant la main pour y veiller. »

Cette « interdiction » a été écartée historiquement parce que les gouvernements des Trente Glorieuse (De Gaulle compris…) ont jugé nécessaire de recourir à l’immigration pour aider le pays à se reconstruire et à développer son industrie. C’est que Brochand appelle « l’économisme ». Quant à « l’humanisme », qu’il déplore manifestement, c’est le simple respect par la France des conventions internationales qu’elle a signées.  

P.B « De même, l’« assimilation » a été rapidement abandonnée, sans tambour ni trompette, par renoncement à nous-mêmes, mais aussi nécessité, face à des flux trop massifs pour qu’elle puisse fonctionner. D’où l’enthousiasme pour « l’intégration », sorte de compromis miracle, d’inspiration anglo-saxonne, où chacun fait un pas vers l’autre, tout en gardant son quant-à-soi. Force est de reconnaître que cette démarche n’a que médiocrement réussi en France. »

C’est l’antienne de l’extrême-droite. On a abandonné l’assimilation pour l’intégration, c’est la source de nos difficultés. L’assimilation est acceptable, l’intégration ne produit que des « Français de papier », qui sont des éléments en fait allogènes, qui constituent une menace pour le pays. Tel est le sens de la distinction.

Comment définit-on les deux concepts ? Dans le premier cas, l’immigré perd tout caractère propre, toute attache avec le pays d’origine. Dans le second, tout en s’intégrant à la société, il garde une personnalité originale, des traits culturels particuliers, ce qui en fait, pour les nationalistes, un faux citoyen français. En fait, la plupart des immigrés se situent entre ces deux pôles, ce qui rend la distinction difficile à appliquer. Un Français musulman qui respecte les lois et vit en bon voisinage, tout en pratiquant sa religion et en gardant des habitudes particulières dans sa vie privée (alimentaires, familiales, vestimentaires…), ne gêne personne et trouve naturellement sa place dans la République. Pour l’extrême-droite, c’est néanmoins un personnage louche, un « Français de papier ».

P.B – « D’une part, et à l’inverse de l’assimilation, le contrat minimal qui la sous-tend – « respect des lois » contre « emploi » – fait peser l’essentiel de l’effort sur le pays d’accueil, en matière de débours financiers comme d’entorses à ses principes (mérite et laïcité). D’autre part, l’accès au travail ne peut être que limité, pour des immigrants à très faible qualification et qui, parfois, s’autoexcluent du marché pour des raisons qui leur sont propres. De sorte que les « intégrés », certes plus nombreux que les « assimilés », ne sont pas pour autant majoritaires. » « La « séparation » n’est que le résultat de ce bilan insatisfaisant. Ce qui n’est guère surprenant.

Sans aucune preuve, sans aucun chiffre, sans citer la moindre étude, Brochand postule que la majorité des immigrés et de leurs enfants ne sont pas intégrés à la France et encore moins assimilés. Qu’en sait-il ? Il se fonde sur le comportement d’une frange de la jeunesse des cités, qui rejette effectivement avec violence les symboles de l’État français et pratique l’incendie et le pillage, ce pour quoi ces délinquants doivent être condamnés. Mais les autres, tous ceux qui ont un emploi, un commerce, qui paient leurs impôts, respectent les lois, s’occupent de leurs enfants, vivent paisiblement et dont on ne parle pas ? Brochand s’abstient d’en dire un mot, mettant tous les immigrés dans le même sac d’un ton sans réplique, coupables d’être des « intégrés », c’est-à-dire des faux Français, et non des « assimilés ».

2/ La fausse « loi d’airain »

P.B – La partition est la pente naturelle de toute société « multi », où chacun vote avec ses pieds et se recroqueville auprès des siens. Je ne connais pas d’exception à cette règle d’airain, en particulier quand les appartenances relèvent de civilisations différentes. Règle qui se borne, d’ailleurs, à acter l’effondrement de la confiance sociale, proportionnel à la « diversité » ambiante. »

À prémisses fausses, conclusions fausses. Pour Brochand, les immigrés vivent tous dans la « séparation », alors que des millions d’entre eux se sont intégrés pacifiquement dans la société. Si « séparation » il y a, elle concerne une partie des jeunes des cités. Mais dans ces quartiers difficiles, contrairement à ce que dit Brochand, la plupart des habitants ne demandent pas une « séparation », mais au contraire une présence plus active de la République : des commissariats, des écoles, des services sociaux, etc. Le plus souvent, les familles souhaitent la réussite de leurs enfants dans la société française, non la « séparation ».

De même « la partition » n’est pas la pente naturelle de toutes les sociétés « multi ». Certains sociétés « multiculturelles » génèrent des affrontements communautaires violents (le Liban, par exemple) mais d’autres non (le Canada, par exemple, où cohabitent dans le calme des gens de religion et de langue différente, y compris de fortes minorités venues du sud). Toujours aussi péremptoire, Brochand proclame une « loi d’airain » qui n’existe pas. Certains ratent l’intégration, d’autres la réussissent. Telle est la réalité.        

P.B – « C’est ainsi que se constituent les « diasporas », noyaux durs, ni assimilés, ni intégrés, à tendance non coopérative, véritables poches du tiers-monde, où se développe une double dynamique de dissidence, sans corde de rappel.

Confusion dans l’usage du mot « diaspora ». Tantôt il désigne, pour Brochand, l’ensemble immigrés de telle ou telle origine (acception courante), tantôt le sous-ensemble « ni assimilé, ni intégré. » On comprend que pour lui, au fond, la distinction n’existe pas.

D’un côté, la pression sociale que génèrent ces entités, en faveur des mœurs, croyances et modes de vie d’origine, les écarte de plus en plus de ceux du pays d’accueil : d’où un phénomène de divergence générationnelle, jamais vu auparavant, mais que les troubles actuels valident sans discussion. D’un autre côté, ces enclaves ne cessent de s’auto-engendrer, en « boule de neige », grâce à un taux d’accroissement naturel élevé et un engrenage d’aspiration juridique par le biais, entre autres, du regroupement familial. »

Là encore, métonymie : on prend la partie pour le tout. Rien ne prouve que le « séparatisme » soit majoritaire chez les immigrés. Mais Brochand en est sûr, comme il est sûr de tout. Les quartiers populaires tendent effectivement à se transformer en ghettos sociaux, mais leurs habitants, dans leur majorité, le déplorent : c’est ce que montrent la plupart des reportages. Ils souhaitent au contraire être intégrés dans la société, et en sont empêchés par leur situation sociale, à laquelle s’ajoutent les discriminations d’emploi et de logement. Brochand est totalement aveugle à la question sociale (qui n’existe que dans l’esprit des « bien-pensants »). Il postule que tout musulman est un dissident, actuel ou futur, parce qu’il est musulman, venu « d’une autre civilisation ». C’est la démarche essentialiste propre à tous les nationalistes. Alors que l’islam a joué un rôle marginal dans les dernières émeutes, que la dimension sociale et le comportement de la police – dont il ne dit pas un mot – expliquent beaucoup de choses.  

P.B – « Cette marche vers la sécession a tétanisé nos élites, qui en ont vite perçu le potentiel explosif. Mais, au lieu de la bloquer, puis de mener une stratégie patiente de roll back, elles se sont contentées d’un containment à court terme, à coups de subventions et reniements clientélistes, enrobés dans un discours fumeux de dénégation ou d’euphémisation, visant à acheter la paix sociale au jour le jour. »

Les mots « roll back » et « containment » sont issus du vocabulaire de la guerre froide. Pour Brochand, nous sommes donc en guerre contre les Français musulmans (ou contre tous les immigrés, on ne sait). C’est un langage de guerre civile (mot qu’il récuse pourtant…)    

P.B « Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse. Quand les diasporas, en gonflant démesurément (au bas mot 5 millions d’admissions supplémentaires depuis 2005), atteignent une masse critique qui les rend confusément conscientes de leur force irrésistible, quand les compromissions et les concessions unilatérales deviennent autant d’aveux de faiblesse appelant à la transgression, quand ces contre-sociétés portent l’audace à s’ériger en souverainetés concurrentes sur un même espace « un et indivisible », eh bien, le couvercle de la cocotte-minute finit par sauter, dès que l’occasion se présente. »

Toujours la même obsession : tous les immigrés entrés en France depuis 2005 sont des ennemis potentiels du pays et rejoignent des cités populaires qui veulent s’ériger en « souverainetés concurrentes ». Paranoïa générale. La vérité, qui n’est pas rassurante pour autant, est que ce sont les trafiquants de drogue qui veulent contrôler les quartiers, ou bien – phénomène très différent – les intégristes islamistes, minorité fanatique qui cherche à imposer son influence sur les quartiers, et non d’improbables « diasporas » homogènes que Brochand croit organisées comme un corps expéditionnaire.

P.B « En 2005, une première éruption en chaîne avait servi d’avertissement. Hormis la tentative d’apaisement budgétaire par la « politique de la ville », il n’en a été tenu aucun compte. Le déchaînement des jours derniers, d’une tout autre envergure, n’est que l’aboutissement de cet aveuglement. »

Question du Fig-Mag – « Qu’est-ce qui vous semble différent par rapport au scénario de 2005 ? »

« PB – Je veux être honnête avec vos lecteurs. Je ne possède aucune information qu’ils n’ont pas. Je m’efforce seulement d’analyser les choses, selon deux principes très simples : d’une part, les causes entraînent des conséquences (« ce qui doit arriver arrive »), d’autre part, le seul critère décisif pour évaluer une situation de conflit est le rapport de force. Il n’est pas inutile de rappeler, d’abord, que des émeutes isolées sont monnaie courante depuis quarante ans, aux quatre coins du pays, sous l’étiquette technocratique de « violences urbaines ». Au point que plus personne ne leur prête attention, comme si elles faisaient partie du paysage. Erreur fatale.

Il est faux d’affirmer que « plus personne ne prête attention » aux violences urbaines. Au contraire, la situation des cités est l’objet de débat permanent sur la scène publique (ne serait-ce qu’en raison des campagnes de la presse conservatrice) et d’efforts politiques et sécuritaires constants.

Ce qui est vrai, en revanche, c’est que les politiques menées ont échoué à intégrer une partie importante de la jeunesse des cités. Ce que Brochand dénonce par le mot « aveuglement », c’est le refus d’attribuer cet échec à la seule origine des jeunes en question (qui sont souvent nés en France de parents Français). Tout observateur de bonne foi prendra aussi en compte les conditions de vie concrètes de ces jeunes (chômage plus important, discriminations, niveau de vie au-dessous du seuil de pauvreté, etc.). Brochand remplace la question sociale par la question ethnique. Or partout dans le monde, l’existence de quartiers pauvres dans les villes, quelle que soit l’origine des habitants, produit des phénomènes de ce type : délinquance, décrochage scolaire, heurts avec la police, trafic de drogue, etc. La dimension identitaire s’ajoute à ces facteurs sociaux. Elle ne les remplace pas.

L’embrasement de 2005 nous a enseigné qu’il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu à la plaine. On a donc retrouvé ces jours-ci plusieurs traits de ce qui s’est passé il y a dix-huit ans. Même démarrage, consécutif à une présumée « bavure » policière ».

La « présumée » bavure policière, a consisté à tirer à bout portant sur un jeune désarmé qui a cherché à s’enfuir mais ne menaçait pas les policiers. 

P.B – « Même violence polymorphe à triple finalité : « métapolitique » (contre tout ce qui représente la France et son État), utilitaire (pillages d’envergure), gratuite (vandalisme nihiliste). Mêmes auteurs quasi-exclusifs : les jeunes hommes de banlieue, où ils font régner la loi du plus fort. Même ressemblance apparente avec les flambées racialisées des « ghettos » américains. Même prédilection pour la nuit, à l’instar de toutes les guérillas du monde. Même cadre exclusivement urbain.Même restriction, de part et d’autre, quant à l’usage des armes les plus létales, à la différence, cette fois, des États-Unis.

La description est juste mais le mot « guérilla » est excessif. Il désigne une lutte armée non-conventionnelle. Or, comme Brochand le reconnaît lui-même, les affrontements, quoique d’une violence rare, ne comportent pratiquement pas d’armes létales, mais des armes par destination (qui peuvent être néanmoins mortelles, mais qui sont d’un ordre différent).  

Mais, aussi, même impuissance des forces de l’ordre, pourtant mobilisées à leur maximum, à calmer une mer démontée. On veut également croire au caractère pareillement spontané de cette explosion « façon puzzle », sans coordinateur national, ni encadrement militant : on ne discerne toujours pas de comité central, de « shura » islamique ou de syndicat de dealers, à la manœuvre derrière les « casseurs ». On ne discerne pas non plus l’émergence d’un mouvement ayant le retentissement et la pérennité de « Black Lives Matter », la tentative de récupération initiale par le clan Traoré relevant de la parodie.

Là encore, taxer les forces de l’ordre « d’impuissance » est excessif : les arrestations se comptent par milliers, les condamnations par centaines. Aussi bien, il est probable que le déploiement massif des effectifs policiers (plus de 40 000) a joué un rôle dans l’arrêt des émeutes après trois ou quatre jours.

3/ Les « diasporas », voilà l’ennemi

P.B : Mais, au-delà de ces similitudes avec le passé, les différences sont éclatantes et vont toutes dans le sens d’une exceptionnelle aggravation de « quantité », mais aussi de « qualité ».

En termes d’amplitude, les statistiques officielles donnent à penser – aux historiens de le vérifier – que rien de comparable ne s’est produit dans les villes françaises depuis la Révolution de 1789 ou, au minimum, les semaines ayant suivi la Libération. En particulier, on ne peut être qu’effaré par l’extraordinaire prolifération de la dimension délinquante, sorte de jaillissement paroxystique de la surcriminalité endémique des diasporas. Malheureusement, ces informations taisent le nombre de protagonistes, que l’on peut évaluer très approximativement entre 100.000 et 200.000 personnes (en appliquant le ratio optimiste de 1 % aux effectifs appréhendés chaque nuit). Estimation au doigt mouillé, mais qui permet, au moins, de mettre en doute le cliché rassurant de « l’infime minorité. »»

Toujours l’usage du mot « diaspora » qui impute les violences à l’ensemble des immigrés alors qu’elles sont essentiellement concentrées dans les cités. Brochand estime à plus de 100 000 le nombre des émeutiers, le ministre de l’Intérieur à quelques milliers. Mais dans les deux cas, cette minorité ultra-violente reste… une minorité au sein des cités où vivent un million à deux millions de jeunes (selon les tranches d’âge prises en compte). Ce qui veut dire, en reprenant des chiffres de Brochand lui-même, qu’au moins 80% des jeunes de cité n’ont pas participé aux violences.   

Question du Fig-Mag – « Quels sont les changements de nature de ces émeutes ?»

PB – « Ils sont, à mon avis, de trois sortes.

Le premier tient au rôle décuplé des réseaux sociaux, devenus à la fois des accélérateurs de concurrence mimétique et des multiplicateurs de transparence en temps réel. Impact malaisé à mesurer, mais probablement majeur.

Un deuxième caractère inédit est la propagation des troubles dans les très petites villes de province, jusque-là tranquilles, reflet inquiétant de la dissémination de l’immigration sur l’ensemble du territoire, parfois à l’instigation des pouvoirs publics.

Dernière spécificité, la plus sacrilège, les razzias ont pénétré les centres des métropoles, y compris Paris, jusqu’aux Champs-Élysées, soit, mutadis mutandis, l’homologue de la « zone verte » hyperprotégée de Bagdad. »

Encore les comparaisons guerrières. Mutatis mutandis, la France serait dans la situation de l’Irak du temps de Daesh. Franchement ridicule…

P.B : « On pourrait ajouter à cette liste de nouveautés l’entrée en lice, çà et là, de casseurs politisés d’origine européenne. Néanmoins, nul ne perçoit une « conjonction des luttes » entre ces probables black blocks, à la poursuite du Grand Soir, et les masses juvéniles déchaînées, sans projet de lendemain. Sinon que tous surchargent pareillement le travail de la police.

Il reste que ces innovations s’avèrent un formidable réveil en fanfare, pour tous ceux qui ne se sentaient pas concernés ou se voulaient choqués, par les avertissements des lanceurs d’alerte, décrétés intouchables par les médias. Là aussi, il va falloir se résigner à admettre que certains ont eu tort et d’autres raison, et que faire litière des « fantasmes d’extrême droite » serait une preuve d’honnêteté intellectuelle. »

Les « lanceurs d’alerte » dont Brochand prend la défense, Zemmour par exemple, sont les idéologues du nationalisme français, qui reprennent et adaptent à la situation actuelle les anciennes thèses des Barrès, Maurras ou Bainville.

Pour le reste, ces réflexions sur le rôle des réseaux sociaux sur la dissémination des troubles et sur les incursions des émeutiers dans certains centres-villes sont dans tous les journaux.  

A suivre…

4/ « La France est menacée de mort »

P.B « Lorsque la fièvre retombera – car elle retombe toujours, après une montée aux extrêmes -, la roue crantée de l’Histoire aura fait un tour supplémentaire, et l’effet de cliquet nous aura portés à un niveau d’hostilité sociale encore plus intense que celui à l’origine de la déflagration. Il y a peu encore, des esprits malicieux voyaient dans le jeu du chat et de la souris, pratiqué dans les banlieues, une simple réédition en farce des tragédies coloniales : je crains que la condescendance de cette raillerie de Marx ne soit plus de saison. En tirera-t-on les leçons qui s’imposent, à savoir que le pronostic vital du pays est engagé ? Envisagera-t-on d’autres remèdes qu’un énième « plan banlieue » ? Les choses étant ce qu’elles sont, j’en doute fort. Mais je pense que nous reviendrons sur ce point capital. »

« Le pronostic vital du pays est engagé » : métaphore catastrophiste. Non, la France n’est pas au bord de la mort clinique. Elle traverse de graves difficultés, chacun le voit, qui suppose une politique vigoureuse en manière de sécurité et de lutte contre les injustices. Mais elle ne va pas mourir. Si tel était le cas, d’ailleurs, d’autres pays où sont présentes des « diasporas » devraient également passer l’arme à gauche : les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, etc.

Langage apocalyptique qui joue sur l’inquiétude de l’opinion (très réelle, par ailleurs) et cherche à la porter au paroxysme pour justifier des mesures d’exception. Toute la campagne de Zemmour, avec qui Brochand échange régulièrement, repose sur cette succession de sophismes et d’outrances.

Question du Fig-Mag : – « Certains parlent de « guerre civile ». Est-ce un terme approprié pour décrire les événements ? »

PB – « J’apprécie votre question, car définir les choses, ce n’est pas ratiociner, mais tenter de mieux les comprendre. Il y a incontestablement des prémices de « guerre civile » dans ce que nous vivons. Mais j’écarterai l’expression, à deux titres. La guerre désigne une lutte « armée » et « sanglante » entre « groupes organisés » : nous n’en sommes là sous aucun de ces trois rapports, même s’il serait indécent d’oublier que la police compte de nombreux blessés.

Brochand se sépare sur ce point de son ami Zemmour pour qui la « guerre civile » en question est imminente.

Quant à l’adjectif « civil », il se réfère aux citoyens d’un même État : s’il me semble inapproprié, c’est, d’une part, parce que les étrangers sont sans doute nombreux à s’activer, d’autre part, parce qu’au risque de choquer, je tiens les binationaux et ressortissants qui s’attaquent aux représentations de la France comme s’excluant de la communauté nationale. Sans compter que la grande majorité de la population, silencieuse et attentiste, reste absente, en position de simple spectateur. Le seul lien commun à tous étant celui du désir de consommation, vu à travers le pouvoir d’achat pour les uns, la « prise sur le tas » pour les autres. »

Se sont donc également exclus de la communauté nationale les agriculteurs qui attaquaient des préfectures, les gilets jaunes qui ont vandalisé l’Arc de Triomphe, ou encore, par le passé, les ligues qui ont tenté d’attaquer le Palais-Bourbon le 6 février 1934.

Bien sûr, Brochand n’aurait pas cette idée d’exclusion pour les catégories qu’on vient de citer, mais il l’a pour les jeunes de cités issus de l’immigration, qu’ils soient ou non français. Seule différence : la couleur de la peau.

P.B : « Plusieurs autres dénominations ont fleuri ces derniers jours. Faute de davantage de renseignements, je ne peux retenir la « sédition », laquelle suppose une action concertée et préparée, bien que – je ne le nie pas – on puisse aisément déceler plusieurs strates d’intervenants, depuis de très jeunes adolescents hilares, à la limite de la débilité, jusqu’à des « hommes en noir », beaucoup plus professionnels, qui semblent savoir ce qu’ils font.

Quant à l’« insurrection », qui vise à renverser un pouvoir établi, elle me paraît également inadéquate, puisque le tumulte se borne à «détruire et voler» (ce pourrait être sa devise), sans proposer la moindre solution de remplacement: nous restons dans une contestation radicale, mais qui ne voit pas au-delà du bout de son nez.

Les notions de guérilla ou d’émeute seraient pertinentes, mais désignent de simples modes d’action, à l’instar du terrorisme.

Pour ma part, je qualifierai la présente catastrophe de « soulèvement ou révolte contre l’État national français, d’une partie significative de la jeunesse d’origine extra-européenne présente sur son territoire ». Avec, pour enjeu principal, le monopole de la violence légitime sur ce même espace. Formulation certes alambiquée, mais qui me paraît décrire, au plus près, le stade de décomposition auquel nous sommes parvenus. En attendant mieux. »

Les mots « soulèvement » ou « révolte » sont effectivement plus acceptables. Paradoxalement, ils sont aussi employés par la France insoumise. Mais dans les deux cas, c’est prêter aux émeutes une signification politique qu’elles n’ont peut-être pas, qu’il s’agisse de les dénoncer ou de les magnifier. Il peut aussi s’agir d’une vengeance aberrante consécutive à la mort du jeune Nahel, qui reste l’élément déclencheur, ou d’une manifestation de rage contre un sort vécu comme une injuste relégation. Hypothèse que Brochand ne cite même pas : elle nuirait à ses vérités assénées. 

Question du Fig-Mag  – « Il y a deux préconditions à l’action : la transparence statistique et le rejet du discours intimidant », disiez-vous au Sénat. Que signifie « rejeter le discours intimidant » ?

PB – « Je rappelle à vos lecteurs que le « discours intimidant », auquel vous faites allusion, ne s’adresse nullement aux émeutiers, que rien n’impressionne, mais à ceux qui, à l’approche de la tempête, ont voulu sonner le tocsin et que l’on a cherché à faire taire par ce moyen.

Cela dit, je vais devoir prendre un détour pour vous répondre.

Si nous en sommes arrivés là, c’est aussi, et peut-être surtout, en raison de l’idéologie dominante, qui a justifié et même glorifié, l’immigration de peuplement massive, subie depuis un demi-siècle. »

Idéologie dominante ? Drôle d’expression : depuis au moins vingt ans, on entend beaucoup plus ceux qui critiquent l’immigration que ceux qui la louent ou la justifient. Tactique permanente de l’extrême-droite, qui se présente systématiquement en victime du « politiquement correct », alors même que ses idées couvrent au moins 42% du spectre politique (score de Marine Le Pen à la dernière présidentielle) et occupe une bonne part des médias.

A suivre …

5/ Il faut une politique « brutale, voire féroce »

Question du Fig-Mag : FM – Peut-on selon vous récupérer ces territoires perdus de la République ? N’est-il pas trop tard ?

PB – « Il est vraiment très tard pour revenir sur des décennies d’abdications cumulées.

C’est pourquoi on ne dénoncera jamais assez ceux qui ont laissé s’installer la machine infernale, en ont vu venir les conséquences potentielles, mais n’ont rien fait pour les éviter, se bornant à mettre la tête dans le sable, ou à ne la sortir que pour des mesures sans effet, voire contre-productives. Des dizaines de lois « fermes et humaines », des centaines de milliards engloutis pour en arriver à un pays moribond, dont l’existence est désormais en jeu.

Incompétence ? Hypocrisie ? Arrogance ? Naïveté ? Entre-soi ? Je mettrai au premier plan le manque de courage, face à la peur panique d’être qualifié de « raciste », signe d’une carrière aussitôt terminée. J’en veux pour preuve le double discours de ces mêmes politiques, qui, en visite à l’étranger, loin de leurs bases, se laissent aller, devant des diplomates, comme je le fus, à des confidences peu amènes sur les réalités de leurs fiefs électoraux, avant de rentrer en France pour y entonner derechef l’hymne aux « valeurs républicaines ».

Néanmoins, mon caractère, aussi bien que mes antécédents professionnels, m’impose de ne pas baisser les bras. Étant entendu que, désormais, toute réaction ne peut être que brutale, voire féroce, si l’on veut lui donner une chance de remonter le courant. »

On arrive aux solutions. Il faut lire et relire ces lignes : « toute réaction ne peut être que brutale, voire féroce, si on veut lui donner une chance de remonter le courant ». À partir d’un raisonnement anti-immigrés dogmatique et paranoïaque, après le dénigrement des valeurs républicaines, après la dénonciation de l’état de droit, Brochand annonce une politique « féroce ».

La déclaration a le mérite d’être claire. Le moins qu’on puisse dire, c’est que sa vision de l’avenir du pays, si ses amis l’emportent, a peu de rapports avec la démocratie et le respect du droit et des libertés…

P.B : En premier lieu, il convient de rétablir une hiérarchie rationnelle des priorités : l’accès aux toilettes en fonction du genre ou les dangers du pétainisme renaissant sont certes des préoccupations honorables, mais ce que nous vivons recommande de les remplacer par d’autres, plus impérieuses. De même a-t-on le droit de suggérer que le « réchauffement climatique », présenté comme le péril des périls, à prévenir de toute urgence et par tous les moyens, vient de se faire rattraper par celui, autrement plus rapide, de nos banlieues ? Le principe de précaution serait-il à géométrie variable ? »

L’ordre dans les cités passe avant la lutte contre le réchauffement climatique ? Mais pourquoi opposer l’un à l’autre ? Un gouvernement peut s’occuper à la fois de tranquillité publique et d’écologie. À moins qu’on ne considère l’urgence climatique comme une lubie des « bobos hédonistes ».

P.B « En deuxième lieu, un élève moyen de CE1 nous le conseillerait : pour sortir d’un trou, il convient, d’abord, d’arrêter de le creuser. Combien de fois faudra-t-il répéter que toute possibilité de renverser la vapeur passe, d’abord, par la réduction à leur plus simple expression des flux d’accès au territoire et à la nationalité ? C’est faisable, les voies en sont connues, il suffit d’avoir le cran de s’en donner les moyens juridiques et matériels. »

Immigration zéro, donc. Ce qui suppose de fermer les frontières, de refuser tout réfugié, même notoirement persécuté, d’expulser les étudiants étrangers, de refuser le droit de vivre en famille aux immigrés, de fermer nos ports aux bateaux en détresse, etc.

À quand un mur de grillages et de barbelés à la frontière italienne, belge ou allemande ? 

P.B « Enfin, pour s’en tenir à l’essentiel et au plus pressé, il convient de combattre, sans merci ni relâche, le sentiment d’impunité, dont l’omniprésence semble avoir nourri la désinhibition tous azimuts de ces jours derniers. En d’autres termes, s’impose un changement de pied radical en matière pénale, par abaissement de l’âge de la majorité pertinente et en rétablissant, pour tous, des peines de prison fermes et effectives, suivies d’incarcérations immédiates, fussent-elles de courte durée, en cas d’atteinte aux biens publics et aux forces de l’ordre, de vol en bande organisée, de trafic de drogues, de violences sur les personnes, etc.

Et surtout, punir la récidive par des peines exponentielles. »

L’appel à la fin de l’impunité est banal (à supposer qu’il y ait impunité). La sanction de la récidive par des peines « exponentielles » est directement inspirée des États-Unis, où l’on peut se voir infliger la prison à vie pour un délit mineur si c’est le troisième.

Comme chacun sait, la dureté du système judiciaire américain a mené à une société parfaitement apaisée…

P.B « On peut aussi imaginer de transformer en prisons pour courtes peines des bâtiments pouvant s’y prêter. N’étant pas juriste, je m’en tiendrai là, mais je suis convaincu que les Français auront du mal à ratifier un laïus à la Hugo, du type « une école qui ouvre, c’est une prison qu’on ferme », surtout quand font brûler les écoles ceux-là mêmes qui devraient être en prison… »

La formule est frappée. Mais le sarcasme sur Victor Hugo est significatif. Manifestement, voilà un auteur que Brochand n’aime pas. Trop bobo, sans doute, ou trop républicain.

P.B : « À plus long terme, ce sont évidemment l’Éducation nationale et l’État providence, qui devraient faire l’objet d’une remise en question, du sol au plafond. Mais pourquoi ne pas frapper les esprits tout de suite par des décisions spectaculaires, en décrétant, par exemple, le port obligatoire de l’uniforme en primaire et au collège dès janvier ou la revalorisation substantielle des allocations familiales, en les limitant à l’avenir à trois enfants. »

La limitation des allocations familiales à trois enfants est intéressante. Dans l’esprit de Brochand, les familles nombreuses sont celles des immigrés. Il veut des enfants donc, mais blancs. Rien à voir, bien sûr, avec le racisme qui, de toutes manières, n’existe pas… 

P.B : « Mais, par pitié, que l’on ne ressorte surtout pas du magasin des accessoires une relance de la politique de la ville : personne – en tout cas, pas moi – ne croit plus à l’efficacité du « borlooisme », ce matérialisme intégral qui croit pouvoir éteindre par l’argent et l’urbanisme des incendies dont le combustible est religieux, historique et ethnique. Cette réponse pourrait même s’avérer la pire, puisqu’elle reviendrait, comme déjà dans le passé, à récompenser la révolte.

Nos gouvernants ont une opportunité unique de s’extraire du carcan dans lequel ils se sont eux-mêmes engoncés, et de bénéficier, en prime, de l’approbation d’au moins trois quarts des Français. Ce qui n’arrive pas tous les jours. Saisiront-ils l’occasion ? Auront-ils la détermination de sortir de la pensée mécanique et de l’approche centriste et balancée, qu’ils affectionnent, mais qui ne fait que prolonger un immobilisme désastreux ? Retrouveront-ils, par un coup de baguette magique, la capacité politique de dire non ? Le souhaiter, c’est faire le pari risqué de leur conversion au réel. »

Fin de l’entretien de P. Brochand au Fig-Mag

Pour conclure

La « conversion au réel » dont parle Brochand, c’est l’instauration d’un pouvoir débarrassé de l’importun état de droit protecteur des libertés, exempt des scrupules « humanistes », d’un pouvoir qui coupe la France de l’Europe et restaure des frontières étanches, qui organise non seulement l’immigration zéro, mais aussi la suspicion générale envers toute personne d’origine étrangère.

Un régime autoritaire et hostile aux Français musulmans, donc, qui s’affranchit des traditions républicaines. Voilà le théoricien génial encensé par les médias de droite…

Reste que ces émeutes sont bien le résultat d’un échec des politiques menées jusqu’à maintenant. Il ne suffira pas de réfuter les réquisitoires à la Brochand.

Il faut leur opposer un plan nouveau, fondé sur les valeurs républicaines, qui prenne en compte les aspects sociaux, éducatifs, civiques de la question, mais aussi sécuritaires et identitaires, qu’on ne saurait passer sous silence.

Faute de quoi on laisse le champ libre au projet nationaliste et autoritaire développé par le conseiller de Zemmour. 

lejournal.info

Laurent Joffrin