Plastique: l’océan a la tête dans le sac
Chaque année, environ 460 millions de tonnes de plastiques sont produites, faisant du plastique le troisième matériau le plus fabriqué au monde, derrière le ciment et l’acier. De quoi nous tuer à petit feu
Stopper le plastique ?
Aujourd’hui, 81% des produits fabriqués en plastique finissent en déchet en moins d’un an. Parmi ces déchets, seuls 9 % sont recyclés aujourd’hui dans le monde, 20 % incinérés, près de la moitié terminent dans des décharges tandis que plus de 20% sont abandonnés dans la nature.
Dans le monde, l’équivalent d’un camion-poubelle de plastiques par minute se retrouve dans l’océan. (Source : L’Atlas du plastique, 2020, publié par le Mouvement Break Free From Plastic).
Il faut cesser de produire du plastique pour ce qui n’est pas nécessaire et recycler ou réutiliser.
Sa fabrication et son recyclage, sont émetteurs de CO2. Or le CO2 est la première cause d’acidification de l’océan, conduisant à sa mort par voie de conséquence.
La pollution plastique est un véritable stockage supplémentaire d’énergie fossile sur le long terme, le paradoxe est que cela nous conduit à aller chercher toujours plus d’énergies fossiles dans le sol et les fonds marins, pour en produire.
C’est pourquoi il est important de comprendre que cadrer drastiquement sa fabrication et responsabiliser les producteurs à sa collecte et son recyclage sont bien la priorité. Imaginez la perte colossale de matière, plutôt facilement recyclable si on l’organise au niveau mondial ?
Mais, alors que s’ouvre à Paris le sommet dédié à trouver un axe commun, dans le même temps, le géant pétrolier ARAMCO, numéro 1 mondial du secteur, s’apprête à investir 4 milliards en Chine dans une usine de polyéthylène, après avoir consacré 11 milliards aux usines de plastique d’Arabie Saoudite, et probablement pas pour réduire ou recycler le plastique.
ARAMCO est pourtant le premier à admettre que le filon des combustibles et carburants va être stoppé… par la lutte climatique ! Schizophrénie, quand tu nous tiens !
Comment contrôler la participation des pétroliers aux négociations à venir ?
Toute solution autre que l’arrêt des productions inutiles ou le recyclage généralisé des plastiques ne semble pas crédible.
Que produira le sommet de Paris ? Du bon sens ou des solutions technologiques nous laissant croire qu’on pourra continuer, « comme avant », mais en « verdissant » les solutions ?
Nos gouvernances comptent peut-être secrètement sur l’opération du Saint-Esprit et la fossilisation de « roche plastique » , puisqu’on a découvert des matières plastiques agrégées. Eh oui ! On sait créer de nouvelles « roches ». En plastique.
Ou bien prévoit-on de finir par nous nourrir de… plastique. Exagération ? Non, c’est déjà le cas.
Au menu : la fameuse carte bleue. Nous ingérons en effet – façon tortue de mer – chaque semaine l’équivalent du plastique contenu dans une carte bleue !
Indigeste, non ?
Par Pascale Osma, activiste en vulgarisation scientifique, environnement et lobbying sur les sujets de gouvernance coordonnée et citoyenne auprès des Nations Unies.