Pour une taxe mondiale sur le fret maritime

par Armel Prieur |  publié le 02/07/2023

À 100 € la tonne, l’immense trafic rapporterait de quoi financer la transition climatique

Port de Marseile -Photo Nicolas TUCAT / AFP

Le Sommet pour la Finance Mondiale organisé à Paris ces 22 et 23 juin pose les bonnes questions de réduire les gaz à effet de serre et aider les pays les plus fragiles : Emmanuel Macron a appelé à un « choc de financement public » face au dérèglement climatique et à la pauvreté qui minent les pays du Sud.

Il souhaite que soient réformées les missions du FMI et de la Banque mondiale. Le sommet est coorganisé par Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, ile ô combien menacée.
Deux accords historiques ont été signés le 22 juin pour aider la Zambie et le Sénégal. Il s’agit d’un effacement de dette pour la Zambie, les prêteurs s’étant mis d’accord, y compris la Chine.

Emmanuel Macron affirme qu’il faut lancer une taxe carbone mondiale sur le fret maritime : L’ensemble du transport maritime représente 4 % de l’empreinte climatique mondiale, soit 2 milliards de tonnes de CO2 équivalent. Si on le taxe à 100 € par tonne par exemple, c’est 200 milliards d’euros par an qu’on peut apporter à la transition climatique mondiale.
Par exemple, pour l’Europe, les ports de Rotterdam et Anvers collecteraient 50 milliards par an, à verser au Fonds européen qui serait géré par la commission.

Associer les deux lames de la cisaille climatique serait des plus efficace : d’un côté, la taxe carbone du fret, de l’autre, les quotas individuels. Taxer les gaz à effet de serre sans limiter le volume aboutirait à favoriser les riches au détriment des pauvres qui verraient les produits carbonés réservés aux plus riches. Une dotation égalitaire permet de dépasser cet écueil.

Les délocalisations nous ont fait importer d’Asie des produits clés comme les masques, les médicaments, les batteries ou les puces électroniques.
Taxer le fret maritime permettrait donc de réguler la mondialisation en faveur d’une relocalisation également encouragée par le compte carbone, façon de juguler notre perte de maitrise des productions essentielles.

Armel Prieur