Présidentielle : sur la pente fatale
Marine Le Pen domine désormais la compétition électorale. On cherche vainement celui ou celle qui sera capable de lui barrer la route.
Sondage IFOP-Fiducial dans Le Figaro : Marine Le Pen dépasse les 30% au premier tour, Mélenchon recule à 15%, Édouard Philippe reste le meilleur candidat macronien à 25%, mais Gabriel Attal, jeune ministre de l’Éducation, fait une entrée spectaculaire à 19%. La droite et le reste de la gauche jouent les utilités autour de 6%.
Ces enquêtes, en fait, jouent toujours le même film, dans une variante plus inquiétante à chaque fois… Un film intitulé Chronique d’un désastre annoncé. Imaginons que tout cela se confirme. L’électeur de gauche non-mélenchonien se retrouverait pour la troisième fois devant le même et déprimant dilemme : jouer la carte forcée macronienne pour éviter la victoire du RN, ou bien laisser faire et ouvrir la voie à Le Pen.
Autre hypothèse : si Mélenchon, par miracle, passait le premier tour (en cas d’effondrement du macronisme, par exemple), il serait battu à coup sûr par la candidate RN, grâce au ralliement du reste de la droite dure (Zemmour, 6%, Dupont-Aignan, 3%, auxquels s’ajouteraient une bonne partie des électeurs LR) et qui gagneraient grâce à l’abstention du centre révulsé par Mélenchon). Au total, Marine Le Pen est désormais la grande favorite de la présidentielle.
Il reste plus de trois ans pour éviter ce cauchemar. Encore faut-il s’y prendre tôt. Pour la droite, la tâche est herculéenne : il lui faut regagner des voix sur sa gauche et sur sa droite, séduire à la fois des électeurs lepénistes et des électeurs macronistes, pour se hisser aux alentours de 20%. Or les deux blocs entre lesquels elle est coincée sont jusque-là très solides. Wauquiez, si c’est lui qui s’impose, a devant lui une montagne à gravir par la face nord.
Pour la gauche, la tâche est titanesque. Certes, elle dispose sur le papier de plus de 25% des voix, ce qui lui donne une petite chance. Mais elle doit se réunir derrière un ou une candidate crédible, c’est-à-dire un ou une championne qui ne soit pas Mélenchon. On cherche vainement le personnage adéquat, capable de reprendre des voix aux macronistes et de rallier néanmoins la gauche.
À bien y réfléchir, cette candidature hypothétique ne peut venir que du courant socialiste, au sens large, qui reprendrait son rôle de pivot. Mais la direction du PS est engluée dans ce qui reste de la NUPES, sans faire entendre une voix originale et autonome. Quant aux outsiders, dans la minorité du PS ou autour de lui, ils sont à ce jour incapables de s’accorder pour proposer un projet commun et désigner parmi eux un ou une championne.
Il reste plus de trois ans à courir, disions-nous, assez pour renaître et s’organiser. Ce qui veut dire qu’en tout état de cause, l’inaction mène à la catastrophe. Qu’elle perdure, et on se demandera alors, parmi les responsables de la gauche, qui sont les coupables de la défaite des forces républicaines. La réponse est connue d’avance : ils le seront tous.